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L'écriture Automatique N'est Pas Sans Vertus


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Au premier abord, elle semble un exercice sans but, réservé à la rédaction d'un journal intime ou au défoulement sur les sites sociaux. Une logorrhée transposée à l'écrit, un dépotoir des idées inachevées, mal abouties qui traversent la tête de l'auteur.

En réalité elle est tout autre et utilisée à bon escient, devient un outil redoutable d'expression et de structuration de la pensée.


Pour moi qui suis plutôt musicien, elle est en tous points semblable à l'improvisation et c'est par ce biais que j'ai découvert son intérêt.

Pour improviser, le musicien a besoin d'un cadre, de technique et d'idées.

Le cadre est généralement fourni par une suite d'accord, une durée de temps ou un nombre de mesures prédéfini, l'utilisation d'un son particulier, le respect des codes d'un genre musical.

La technique est l'ensemble des outils à la disposition du musicien. Elle est à la fois consciente et inconsciente, le fruit de la sueur versée sur l'instrument et du vocabulaire musical de l'improvisateur. Plus on écoute et reproduit des musiques variées, plus on cherche à comprendre comment fonctionne un morceau, plus on développe ces connaissances. La difficulté est d'oublier son bagage technique et de ne l'utiliser que comme vecteur de créativité, de faire confiance à son instinct qui s'aiguise dans l'ombre au cours du travail.

Les idées sont très inégalement réparties mais pour la plupart des musiciens, les bonnes idées sont finalement assez rares. C'est pourquoi il convient de les exploiter au mieux.


Toute la démarche de l'improvisateur consiste à développer ses idées pour les poser dans le cadre, en utilisant sa technique. Les 3 paramètres interagissent en permanence.

Un déficit d'idées peut être compensé par un cadre rigide qui impose des codes et des sonorités, une bonne technique qui exploitera au mieux les bribes de créativité disponibles.

Le manque de technique, est l'apanage des musiciens débutants et souvent, des auteurs interprètes. Débordants d'imagination, utilisant le cadre très strict de la chanson, ils parviennent à sublimer leurs idées et à émouvoir avec 2 couplets et 3 accords. De même en improvisation, un musicien peu technicien mais bien encadré fera des merveilles s'il déborde d'imagination.

Un cadre à peine visible, avec peu de limites est la situation la plus difficile, elle demande une solide technique et des idées abondantes. La créativité naît facilement sous la contrainte, par nécessité mais aussi par facilité. Les restrictions canalisent l'énergie vers le résultat, lui évitant de se disperser.


Ces codes se transposent parfaitement vers l'écriture automatique. En l'absence de cadre, sans l'obligation de résultat, les idées et la technique prennent le pouvoir.

Pour qui s'exprime avec aisance, les idées trouvent seules leur chemin vers la feuille et les histoires se construisent comme au sortir d'un rêve, sans contrôle conscient et la satisfaction est immédiate.

Si au contraire on manque d'aisance dans sa pratique de la langue ou de l'orthographe, il faut s'abandonner et laisser venir les idées, sans chercher à les contrôler. Les résultat est toujours encourageant, on se découvre plus structuré qu'on ne l'imaginait, on se disperse souvent moins qu'en essayant de suivre une structure définie.


La proposition est donc de s'asseoir, sans autre activité (c'est très important), de respirer calmement, de laisser voguer ses pensées et d'écrire ou taper quelques lignes hors de tout contrôle, de toute nécessité d'être cohérent.

Puis pourquoi pas, de partager le résultat, souvent loufoque mais toujours représentatif d'une facette de la personne qui écrit.

Si quelqu'un se lance, je serai ravi de le lire.


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Du coup, mon oeuvre express pondue il y a 30 secondes :

"Jean-Louis était marqué par les préjugés. Son prénom ridiculement vieux jeu laissait penser qu'il était un cinquantenaire au crane dégarni, amateur de pêche, de mécanique et de pastis. En fait il avait 17 ans, l'âge de tous les possibles, affublé de longs cheveux noirs qui auraient fait passer Tina Turner pour un chauve. Sa démarche hagarde, son maquillage de jeune gothique, la musique qui s'échappait de son casque d'iPod customisé noir anthracite, toute cette personnalité travaillée était anéanti par ce prénom, Jean-Louis."

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J'ai fait le texte sur l'écriture automatique pour préparer un atelier d'expression, j'en fais depuis longtemps ça fait du bien à la tête. Toi aussi Lowlo?

Je crois qu'il est assez clair et je me suis dit que ce serait amusant de tester ça sur mes connaissances alors je l'ai posté ici et sur FB.

Ce serait bien que quelqu'un tente le coup. On s'en fout si c'est pas du grand art, s'il y a des fautes etc, le principe est de sortir une idée brute.

J'ai fait le petit texte pour donner l'exemple, l'idée passait comme ça. Content que ça te plaise. :)

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Oui j'ai découvert ça avec un prof de français au lycée... J'ai jamais lâché le truc depuis.... Je trouve toujours ca aussi liberateur et "frais" comme disent les djeunes...C'est courageux ce que tu fais, je ne sais pas si c'est l'endroit idéal pour ça mais c'est peut être une bonne idée.

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Je me lance de temps en temps dans ce genre d'exercice, généralement ça part en couille sur le fond comme sur la forme. C'est pour ça qu'il est bien d'avoir un cadre et des règles comme tu dis, plus haut.

L'une des meilleures sources de règles que je connaisse reste celles de l'Ouvroir de Littérature Potentielle. L'Oulipo, où à travers un jeu de contraintes, tu vas cadrer ton écriture, forcer ta réflexion sur des points précis, que ce soit en jouant sur une syntaxe précise, une grammaire, en jouant sur des allitérations, des sonorités.. de la littérature potentielle, un exercice de style aux schémas multiples, juste pour s'amuser avec les mots de sa langue.

http://www.oulipo.net/

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Faut pas réflechir pour ça, faut y aller, se lancer, se tancer,pas relire, pas s'redire "tiens qu'est-ce que j'y ai mis dans ce bordel". Je me réveille à peine, les brumes des rêves pas tout à fait dissipées, on s'en fout. J'ai du me faire dévoré par des ogresses les bougresses. Un deuxième café, histoire d'émerger, retrouver le cours de la vie éveillée, me remettre à penser, quitter les songes, jeter l'éponge.

Ca y est, c'est fait.

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L'écriture semble essentiellement se décliner en slam de nos jours. Phrases courtes, coup de poing, point sur les i et barres sur les T. Assonances et allitérations, on s'écoute écrire. Telle est le technique invoquée. Mise en abyme, le thème, le cadre, l'enjeu de l'exercice d'écriture est l'écriture automatique elle-même. N'en déplaise à Jean-Louis. Ce qui tend d'ailleurs à étayer, la barre du t, que le triste constat de l'auteur est constant : Jean-Louis est un prénom de nature à évoquer la médiocrité et efface toute tentative de se distinguer de briller parmi la masse anonyme des adolescents. Peut-être Jean-Louis devrait-il s'essayer au Slam, Grand Nom Composé Malade.

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Merci les gars, continuez!

L'OULIPO propose des techniques plus avancées et demande un peu d'habitude et de discipline.

Là il s'agit juste d'ouvrir les vannes, de lever le store banne, d'asseoir les éléphants dans les 4L sans se demander si ça rentre ou si ça sort de nom de nom de sort.

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Du coup, mon oeuvre express pondue il y a 30 secondes :

"Jean-Louis était marqué par les préjugés. Son prénom ridiculement vieux jeu laissait penser qu'il était un cinquantenaire au crane dégarni, amateur de pêche, de mécanique et de pastis. En fait il avait 17 ans, l'âge de tous les possibles, affublé de longs cheveux noirs qui auraient fait passer Tina Turner pour un chauve. Sa démarche hagarde, son maquillage de jeune gothique, la musique qui s'échappait de son casque d'iPod customisé noir anthracite, toute cette personnalité travaillée était anéanti par ce prénom, Jean-Louis."

J.L... La voilà sa passerelle. J.L lui donne des ailes. Avec ces initiales, le voilà moins banal, moins bancal.

À lui la fille du bal. Face à son pire rival, il pourra enfin jouer d'égal à égal.

J.L lui donne des ailes, même s'il sait qu'ici bas, cela ne suffit pas à ouvrir toutes les portes.

Le diable les emporte !! Toutes les serrures tombent et les murs s'estompent. Il ne creuse plus sa tombe car il n'y a plus de honte.

Désormais il est lui.

Edited by mistergroovy
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  • 1 year later...

J’ai foiré mon wok.

J’ai foiré mon wok parce que la plaque à induction a elle même tout fait foiré.

Elle a laché. Définitivement, elle a décidé de stopper net et de manière extrêmement démonstrative sa vie de plaque à induction.

Et j’ai foiré mon wok et tout le rituel qui va avec.

Le wok est totalement ritualisé, ce n’est pas le cas de tous les plats. Beaucoup sont ritualisés, j’en conviens. La moussaka l’est particulièrement, plus encore que le wok.

Mais on ne peut pas arrêter un wok en plein milieu.

On ne peut pas.

Je me suis retrouvé avec du poulet mariné huile de sésame – gingembre – cumin – Soja à moitié cuit parce que la plaque à induction a décidé qu’il était temps de rendre son tablier.

En plein milieu d’un plat qui a d’autant plus de valeur gustative qu’il est identique à ses réalisations antérieures , ce qui , bien entendu, ne tient que par un seul et unique postulat : le scrupuleux respect du rituel.

Mais une plaque à induction en a décidé autrement.

Salope de plaque, tu induis quoi par ce comportement totalement irrespectueux, quand tu décides d’abandonner la partie alors qu’elle vient à peine de débuter ?

Tu induis que je suis un péquenaud , que tu m’emmerdes, que tu as envie de me faire chier par le moyen le plus bas que tu ais pu trouver ?

Tu induis que la vie, avec son lot d’incertitude, nous réserves son lot de turpitudes les plus drôles ou les plus perverses à tous moments, alors qu’on est persuadés, en bon père de famille mais à tort, d’être à l’abri à force d’avoir tout anticipé ?

Tu induis que je ne suis pas lucide , c’est çà ? Inconscient, usé, les nerfs mous et les réflexes amoindris ?

Et bien, je vais te répondre, salope : Tu es morte est enterrée, j’ai un Darty à 5 minutes et un Boulanger à 10.

Tu es déjà remplacée, tu as foiré ton coup.

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