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La composition. Quelle est votre approche ? Que composez vous ? Avec quels outils ?


Sté

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Suite à une idée de Chips, voici un autre topic pour focaliser sur la composition. 

Je me permet de reposter ici la vision de Glen qui a inspiré ce topic.

Glen speaking: 

" .. Le seul truc qui m'intéresse, c'est de créer. Si j'ai rien de neuf, alors je chope un instrument pour créer la fondation d'un nouveau morceau. je n'ai qu'une règle: pas celui de la dernière fois. Si j'ai commencé le derniers morceau avec un ukulélé baryton électrique, alors je chope un dulcimer, un dobro, une basse... Autre chose quoi. J'ai noté des idées thématique, je zieute ça vite fait, j'en choisi une le plus vite possible et tente de l'illustrer.

Si je me retrouve sur des schémas déjà explorés avant, je change l'accordage si l'instrument le permet, ou je mets des capos partiels (j'en ai pour tous les instruments) pour me trouver dans des tonalités et situations différentes/nouvelles. Si le dernier morceau pondu était en ternaire, je m'oblige à aller dans une autre direction rythmique, pareil pour la technique, etc. Je repars facilement de là ou je viens (celtique, neofolk,etc.), je ne cherche pas à en partir complètement, mais à ne pas tourner en rond.

Si j'ai une structure, j'enregistre une vidéo en speed pour pas perdre le tout parce que j'oublie très vite. Je défini le tempo et mes mesures avec l'appli métronome de SoundBrenner et je choppe mon laptop pour écrire la partition dans Noteflight. Si l'instrument "créateur" est un instrument à cordes, je note ça en tablature, si j'ai utilisé un clavier, une flute ou une cornemuse, ce sera en partition. J'ai commencé cette approche au début du premier confinement, je ne vais pas mentir, au début c'était pas terrible. Transcrire certains truc en partition, c'etait pas simple, j'ai dû revoir plein de choses, en découvrir d'autres, et il arrive encore que certains trucs soient complexes.

S'il me reste du temps, je fais tourner la structure dans Noteflight et j'ajoute d'autres instruments. J'écris généralement les parties directement, mais souvent je sors l'instrument pour vérifier des bouts et rationaliser le doigté, ajouter des appogiatures, etc. Si je manque de temps cela attendra le lendemain.

Le lendemain, ça fait très mal. Il y a vraiment un effet post-cuite. Je re-écoute le truc et je décide si je continue, ou si ca part au cimetière des idées d'un jour. Parfois j'en garde un bout. J'en jette beaucoup - des idées sympas, mais je ne ressens rien ou souvent je ne vois pas où aller ensuite, comment faire évoluer la chose. Je note cependant que même si je jette, j'ai appri des trucs donc je ne regrette pas. Parfois, c'est très simple, j'écoute et j'entends immédiatement la suite. Du coup, j'écris le truc en quelques heures, c'est assez rare j'avoue. Le plus souvent, j'imprime les partitions, je sors mon rang III (looper), la mackie et je branche 2 instruments dessus pour faire tourner ce que j'ai écrit. Cela me permet de garder l'esprit de ce qui fonctionne bien mais d'en changer la structure avec le looper pour partir dans une direction adjacente. C'est beaucoup de boulot de bien faire looper tout ça, car parfois je n'ai pas la technique bien au point pour jouer ce que j'ai écrit, alors je vais bosser le truc super lentement, zieuter des vidéos sur la technique en question et m'y coller jusqu'à ce que je puisse jouer ce que j'ai écrit avec aisance. 

Bref, depuis Covid j'ai dû mettre une grosse centaine d'idées sur le papier, et j'ai au bout du compte une quarantaine de morceaux que j'aime bien. Il y en a une poignée dans les quarante que je n'ai pas fini. Je suis bloqué à un moment, et j'attends le déclic. Ce que j'ai déjà est trop chouette pour le balancer, mais je ne vois pas encore bien ou je vais.

Le truc à faire serait d'enregistrer ceux qui sont fini évidemment, mais pour une raison que j'ai du mal à expliquer, je procrastine terriblement. Il me manquait un bon ukulélé acoustique baryton, j'en ai acheté un de folie, il me manquait un super micro pour instrument acoustique, je l'ai aussi, une 7 cordes nylon, et je l'ai aussi. J'ai mis des cordes neuves sur tous les instruments. Je suis à court d'excuse. Peut-être est-ce la somme de travail qui me paralyse... Il y a pas mal de morceaux avec une dizaine d'instruments ou plus. Je n'en sais rien. Je pensais que pour le moment créer était plus important pour moi que de partager, mais ce n'est pas tout à fait vrai. Le cancer a emporté ma mère en mai dernier, après un courte année de lutte. Le temps était méchamment contre moi et en février je me suis rendu compte que je voulais qu'elle puisse entendre tout ça. J'ai envoyé un MP3 par jour avec une explication thématique. Ce n'était que des exports midi de Noteflight qui sonnent pas mal et dans lequel on peut faire un mix basique, mais c'était important. 

Voila, vous savez tout. J'aurais aimé écrire "Et du coup ce matin, j'ai commencé à enregistrer", mais non, ce matin j'ai pris le MS-20 et j'ai rajouté des graves sur morceau neofolk .. " 

 

Et vous donc ? 

 

 

Edited by Sté
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Moi non :)

 

La seule chose que je compose, si on définit la composition comme le fait de pérenniser sur un support des idées musicales du moment, c'est des walking que je me suis mis récemment à écrire dans un cahier pour m'entrainer, notamment quand je n'ai pas d'instrument sous la main, et aussi un solo que j'ai écrit à l'avance (au lieu de l'improviser). Mais c'est aussi parce qu'en tant que domaine, la composition m'intéresse moins que l'improvisation, du moins pour l'instant.

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  • Sté changed the title to La composition. Quelle est votre approche ? Que composez vous ? Avec quels outils ?

Approche de la composition :

Surtout pas de reprises (et si ça ressemble à un truc, bah c'est pas volontaire).

La compo peut partir d'un air chantonné, d'une simple envie de jouer, cela peut partir de la basse, de la guitare, d'une batterie logicielle, voire autre.

Aucunes restrictions et contraintes de structures. Pas forcément d'intro, de fin, de refrain, d'ailleurs je me fiche un peu de respecter quoique ce soit ou pas à ce niveau.

Quelles Compos :

Plutôt orientée rock par goût, mais... Je n'ai aucun problème à mettre une batterie type rap/hip hop avec une bonne grosse disto, et une rythmique acoustique accolée, ou n'importe quoi d'autre du moment que cela me plaît, et que je prend du plaisir à jouer. Je m'autorise donc tout, ah ah ah 😅

Avec quels outils (actuellement) :

Guitares/Basses/Enregistreur multipistes tout en un.

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De mon côté ça part la plupart du temps d'un gratouillage à la basse ou à la guitare, au casque sur un multi effets avec une boîte à rythmes en fond. Quand l'inspiration me visite j'avais tendance à tabler le riff ou la ligne sur TuxGuitar, pour en garder une trace mais aussi pour pouvoir compléter le morceau au fur et à mesure. C'est assez fastidieux, et je commence de plus en plus à enregistrer ce j'ai trouvé sur mon Zoom R8 et à enrichir le morceau ensuite.

Quand je dois composer une ligne de basse pour mon groupe ça part plutôt d'un enregistrement de la guitare ou du synthé, que je fais tourner en boucle en jouant par-dessus.

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Wow! J'aurais probablement jamais ouvert ce sujet (imposter syndrome). Je tiens bien à préciser que c'est pas du tout Jacob Collier içi, c'est de l'artisanat. Il en a qui font des lamborghini en Lego technics, moi j'essaye de faire des truc qui tiennent la route avec 3-4 Duplos. On est influencé par ce qu'on a écouté, ce que l'on aime et aspire à faire, et on fait avec ce qu'on a, ce que l'on maîtrise plus ou moins bien au moment de l'acte créateur. J'ai des bases d'harmonies que je qualifierais de minimales et je me suis lancé là-dedans récemment, donc mon expérience est light, mais puisque je suis en tête de gondole (merci Sté 😅), et parce que j'ai cogité sur ça la nuit dernière, je voudrais partager/préciser 2-3 trucs supplémentaires.

Je viens de la musique trad, majoritairement acoustique, avec une forte tradition orale focalisée sur la mélodie, des formes simples type AABB, des mesures simples aussi, et des conventions ou schémas inspirés de la musique à danser comme l'association de morceaux courts pour en faire un set de plusieurs minutes qui permettra aux danseurs... de danser, ou en fera un ensemble cohérent (si vous êtes passé par la case fest noz, ceili, etc... Vous voyez bien le truc). Cela laisse une grande liberté dans l'harmonisation, l'accompagnement de la mélodie. Je ne viens pas du jazz, ni des musiques improvisées, et je ne me dirige pas dans cette direction non plus (ca ne m'empêche pas d'apprécier énormément - j'en écoute mais n'en fait pas quoi, et c'est pareil avec beaucoup d'autres genres).

J'ai passé une grande partie de mon temps en groupe à jouer la mélodie, que ce soit à la flûte, à la mandoline, etc. Dans ce que je fais, c'est l'instrument qui raconte l'histoire. Je n'arrive généralement pas à écrire des chansons, j'ai l'impression d'être à poil. Je préfère me cacher pudiquement derrière les touches impressionnistes d'une approche sans parole. Je commence donc par le haut de la partition et je fini en bas* avec mes parties de basse et percussion/batterie. C'est le plus gros casse-tête pour moi. Chanter ou beatboxer (j'ai pas ce talent, mais vous voyez ce que je veux dire) ces parties-là n'est pas trop compliqué, l'écrire en partoche par contre, peut être épique et souvent j'en chie, c'est fascinant mais laborieux.

Cette approche veut aussi dire que quand je me penche sur la partie de basse, j'ai déjà pas mal de monde en place; souvent une ou 2 guitares, un violoncelle, un piano, et un clavier electro. Du fait, je trouve qu'avancer le morceau devient une succession de choix, comme quand on joue aux échecs et parfois je perds la partie, le morceaux m'échappe, je m'enfonce progressivement dans une situation sans issue, où mieux vaudrait tout dégager et repartir de zéro. Dans le cas des lignes de basses, j'ai souvent déjà un bon soutien en place, du coup une ligne de basse très épurée/simple pourrait trouver sa place, renforcer des transitions,  créer un lien fort avec mes percus, bref, rajouter quelque chose... Ou pas, et j'en mets pas... Ou je simplifie ce que font les autres instruments suscités en les rendants moins bavards, voir j'en vire certains** , libérant ainsi de l'espace pour une ligne de basse plus intéressante... mais du coup, cela change l'essence du morceau en créant un dialogue qui n'existait pas... Ou ça rend la nature de l'ensemble plus électro... Ça tourne, mais est-ce que je ne trahie pas l'idée directrice - ce que je cherchais a faire? Est-ce moi qui dirige la compo, ou la compo qui me dirige et me fait dériver? C'est marrant, quand je devais simplement proposer ma partie de guitare ou de basse en groupe, je me posais peu de question, mais maintenant que je dois me pencher sur toutes les parties, le doute m'envahit constamment. C'est bon? C'est pas bon? Difficile à dire.

Je me souviens d'une interview de Tony Levin dans un vieux Bass Player Magazine où il disait qu'au fil des écoutes on finissait par s'accommoder de ce que l'on considérait il y a peu comme des erreurs. A l'époque je ne voyais pas trop ce qu'il voulait dire. Je pensais qu'il faisait référence aux pains. Mais maintenant je pige, car je vois les imperfections partout, je me dis qu'il faut que je change des choses ici et là, mais d'une certaine manière, c'est trop tard - l'idée, la forme du truc tel qu'il est, est devenue réalité. Le cerveau l'a entendu et enregistré. Si d'aventure j'effectue un changement, c'est plus la même chose, j'ai dénaturé le produit. Je préfèrerais la mouture d'avant, avec toutes ses imperfections. Un peu comme la nana de Dirty Dancing (Jennifer Grey) quand elle est passée sous le bistouri pour se faire refaire le nez, elle a d'une certaine manière perdu une grande partie de cette différence qui faisait son unicité, qui la rendait "elle".

* Je tenais à partager cela car souvent quand je parle avec des amis bassistes, ils commencent par le bas (la batterie) ou cherche une trame harmo-rythmique avec une progression d'accords qui va bien. La mélodie vient plus tard se caler sur la trame.

**Virer des choses entières pour créer l'émotion a partir du silence ou apprécier ce qui est déjà là, c'est nouveau pour moi. Peut-être parce que c'est comme ca que l'on créé au départ ou souvent, en se rajoutant à un ensemble. On s'invite à jouer quelque chose qui va bien avec ce que d'autres jouent ou ce que l'on écoute. On fait un mille-feuilles, on empile les parties comme avec un looper... Je ne sais pas. Alors oui, c'est déjà pas simple de créer un truc qui tienne la route, mais de décider d'en mettre des bouts entiers à la poubelle pour améliorer l'ensemble, c'est dur. On s'attache à une bonne partie, une tourne bien sympa a jouer, sans vouloir reconnaître qu'elle asphyxie un peu le tout.

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J'ai deux approches de compo, en fait :
1) avec mon groupe (bien grand mot puisque c'est un duo avec un ami guitariste) : dans 90% des cas, c'est lui qui m'envoie un riff, une mélodie, des arpèges... Voire une progression de plusieurs parties.
En général, c'est enregistré à l'arrache sans métronome et il réenregistre proprement plus tard.
Donc, je commence par découper les différentes parties, je demande à Cubase de me fournir accords et gammes utilisés, je définis également le tempo... Bref, je prépare une base de travail correcte.
Après quoi je cherche des patterns de batterie qui correspondent, via EZ Drummer.
Ce n'est qu'après que j'attrape une basse pour voir ce que je peux coller dessus. Je fais pas mal d'essais en faisant tourner en boucle, quitte à remplacer mes lignes initiales après réécoute au bout de quelques jours, suivant mon ressenti et l'avis de mon pote.

2) en solo : là, ça part souvent d'une mélodie ou d'une idée de ligne qui me vient comme ça.
J'essaie de jouer, je teste des variantes, puis, j'enregistre et je pose une batterie.
Si j'estime que ça peut convenir au groupe, je propose. Sinon, je garde ça sous le coude pour retravailler par la suite : guitares, synthé, etc... J'arrange ça à ma sauce, souvent dans un style électro-rock.

Je ne garde pas tout ce que je compose, mais la majorité, disons 80% environ. Mon gratteux, lui, ne jette rien (je viens de vérifier : en un peu moins de 2 ans, on a plus d'une centaines de riffs/lignes en réserve et pas loin de 30 compos en cours) :D

Côté structure des compos : on aime bien :
- travailler sur des parties qui ne se répètent pas de façon paire (x2, x4, etc...). Donc on aura plutôt des trucs genre riff1x5, riff2x9, etc...
- pas de structure classique intro/couplet/refrain/solo : on part sur une partie qu'on fait évoluer, qui en amène une autre, etc...

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Le 24/01/2024 à 14:01, glen a dit :

Wow! J'aurais probablement jamais ouvert ce sujet (imposter syndrome). Je tiens bien à préciser que c'est pas du tout Jacob Collier içi, c'est de l'artisanat. Il en a qui font des lamborghini en Lego technics, moi j'essaye de faire des truc qui tiennent la route avec 3-4 Duplos. On est influencé par ce qu'on a écouté, ce que l'on aime et aspire à faire, et on fait avec ce qu'on a, ce que l'on maîtrise plus ou moins bien au moment de l'acte créateur. J'ai des bases d'harmonies que je qualifierais de minimales et je me suis lancé là-dedans récemment, donc mon expérience est light, mais puisque je suis en tête de gondole (merci Sté 😅), et parce que j'ai cogité sur ça la nuit dernière, je voudrais partager/préciser 2-3 trucs supplémentaires.

Je viens de la musique trad, majoritairement acoustique, avec une forte tradition orale focalisée sur la mélodie, des formes simples type AABB, des mesures simples aussi, et des conventions ou schémas inspirés de la musique à danser comme l'association de morceaux courts pour en faire un set de plusieurs minutes qui permettra aux danseurs... de danser, ou en fera un ensemble cohérent (si vous êtes passé par la case fest noz, ceili, etc... Vous voyez bien le truc). Cela laisse une grande liberté dans l'harmonisation, l'accompagnement de la mélodie. Je ne viens pas du jazz, ni des musiques improvisées, et je ne me dirige pas dans cette direction non plus (ca ne m'empêche pas d'apprécier énormément - j'en écoute mais n'en fait pas quoi, et c'est pareil avec beaucoup d'autres genres).

J'ai passé une grande partie de mon temps en groupe à jouer la mélodie, que ce soit à la flûte, à la mandoline, etc. Dans ce que je fais, c'est l'instrument qui raconte l'histoire. Je n'arrive généralement pas à écrire des chansons, j'ai l'impression d'être à poil. Je préfère me cacher pudiquement derrière les touches impressionnistes d'une approche sans parole. Je commence donc par le haut de la partition et je fini en bas* avec mes parties de basse et percussion/batterie. C'est le plus gros casse-tête pour moi. Chanter ou beatboxer (j'ai pas ce talent, mais vous voyez ce que je veux dire) ces parties-là n'est pas trop compliqué, l'écrire en partoche par contre, peut être épique et souvent j'en chie, c'est fascinant mais laborieux.

Cette approche veut aussi dire que quand je me penche sur la partie de basse, j'ai déjà pas mal de monde en place; souvent une ou 2 guitares, un violoncelle, un piano, et un clavier electro. Du fait, je trouve qu'avancer le morceau devient une succession de choix, comme quand on joue aux échecs et parfois je perds la partie, le morceaux m'échappe, je m'enfonce progressivement dans une situation sans issue, où mieux vaudrait tout dégager et repartir de zéro. Dans le cas des lignes de basses, j'ai souvent déjà un bon soutien en place, du coup une ligne de basse très épurée/simple pourrait trouver sa place, renforcer des transitions,  créer un lien fort avec mes percus, bref, rajouter quelque chose... Ou pas, et j'en mets pas... Ou je simplifie ce que font les autres instruments suscités en les rendants moins bavards, voir j'en vire certains** , libérant ainsi de l'espace pour une ligne de basse plus intéressante... mais du coup, cela change l'essence du morceau en créant un dialogue qui n'existait pas... Ou ça rend la nature de l'ensemble plus électro... Ça tourne, mais est-ce que je ne trahie pas l'idée directrice - ce que je cherchais a faire? Est-ce moi qui dirige la compo, ou la compo qui me dirige et me fait dériver? C'est marrant, quand je devais simplement proposer ma partie de guitare ou de basse en groupe, je me posais peu de question, mais maintenant que je dois me pencher sur toutes les parties, le doute m'envahit constamment. C'est bon? C'est pas bon? Difficile à dire.

Je me souviens d'une interview de Tony Levin dans un vieux Bass Player Magazine où il disait qu'au fil des écoutes on finissait par s'accommoder de ce que l'on considérait il y a peu comme des erreurs. A l'époque je ne voyais pas trop ce qu'il voulait dire. Je pensais qu'il faisait référence aux pains. Mais maintenant je pige, car je vois les imperfections partout, je me dis qu'il faut que je change des choses ici et là, mais d'une certaine manière, c'est trop tard - l'idée, la forme du truc tel qu'il est, est devenue réalité. Le cerveau l'a entendu et enregistré. Si d'aventure j'effectue un changement, c'est plus la même chose, j'ai dénaturé le produit. Je préfèrerais la mouture d'avant, avec toutes ses imperfections. Un peu comme la nana de Dirty Dancing (Jennifer Grey) quand elle est passée sous le bistouri pour se faire refaire le nez, elle a d'une certaine manière perdu une grande partie de cette différence qui faisait son unicité, qui la rendait "elle".

* Je tenais à partager cela car souvent quand je parle avec des amis bassistes, ils commencent par le bas (la batterie) ou cherche une trame harmo-rythmique avec une progression d'accords qui va bien. La mélodie vient plus tard se caler sur la trame.

**Virer des choses entières pour créer l'émotion a partir du silence ou apprécier ce qui est déjà là, c'est nouveau pour moi. Peut-être parce que c'est comme ca que l'on créé au départ ou souvent, en se rajoutant à un ensemble. On s'invite à jouer quelque chose qui va bien avec ce que d'autres jouent ou ce que l'on écoute. On fait un mille-feuilles, on empile les parties comme avec un looper... Je ne sais pas. Alors oui, c'est déjà pas simple de créer un truc qui tienne la route, mais de décider d'en mettre des bouts entiers à la poubelle pour améliorer l'ensemble, c'est dur. On s'attache à une bonne partie, une tourne bien sympa a jouer, sans vouloir reconnaître qu'elle asphyxie un peu le tout.

Merci surtout à Chips pour cette idée de topic, et à toi de préciser encore. Très inspirant ! et je retrouve des situations vécues: enfermé à cause d'une partie qu'il faut virer car elle alourdit, mais c'est difficile à "accepter".

Et une autre phrase que tu dis: "est ce moi qui dirige la compo ou la compo qui me dirige ? " Pour moi cette phrase est clé, car lors de certains moments particuliers, j'ai vécu ce moment ou tout sort tout seul, sans que l'on aie besoin d'y réfléchir, comme si la musique nous était soufflé à l'oreille. Je pense qu'il y un peu des deux: parfois on décide du chemin que prend la compo, et parfois elle nous impose le chemin. Est ce que c'est lié à l'état émotionnel du moment ? Qu'est ce qui décide d'une situation ou d'une autre ? Mystère.. 

Du coup ma contribution:

Ca fait très longtemps que je m’y essaie mais à chaque fois rapidement bloqué par frustration: une envie d’aller jusqu’au bout d’un morceau mais jusqu’à dernièrement, pas les outils adéquats pour obtenir une résultat qui me plaise vraiment avec une réalisation qui ne soit pas un challenge énormément chronophage.

Donc jusqu’à l’an dernier, j’avais fait une seule vraie compo enregistrée avec un 4 pistes à K7 au siècle dernier, ré-enregistrée avec un multipiste numérique quelques années après. Et c’est la seule qui fut vraiment « aboutie ». Tous les essais suivant ont été infructueux, à l’exception de trois pièces de guitare acoustique  que j’ai composé en hommage à mes grands-parents lors de leur départ respectif. Enregistrées simplement avec Reaper. Des trucs qui sont sortis tout seul, d’un seul coup. Etrange sensation.

Puis j’ai commencé à m’équiper d’outils avec l’envie de m’y remettre ;  les expériences de la vie aidant à faire bouillir la musique intérieure. Tout cela s’est fait progressivement, avec l’achat d’une carte son, et du temps passé à apprendre à me servir mieux de Reaper. L’arrivée d’EZdrummer a été une vraie clé : pouvoir enfin « composer » des parties de batterie qui sonnent réelles avec une facilité insoupçonnée.  Un petit clavier midi et la course aux plugins VST gratuit de sons de piano, orgue, sons bizarres.

Entre temps, le vrai déclic est tombé courant 2022, à la période pendant laquelle les merles se mettent à chanter. L’un d’eux, résidant dans une des haies autour a attiré mon attention avec son chant. J’y ai discerné une séquence de 4 notes qui s’est incrusté dans ma tête, à force de l’entendre tous les matins aux aurores en partant bosser. Un aprèm, alors qu’il était en grande forme, j’ai posé mon Zoom H2n sur le rebord de fenêtre pour enregistrer sa prestation. Et c’est à la réécoute de ce concert privé que j’ai capté une autre séquence de 4 notes, qui une fois posée derrière la première séquence m’a révélé une mélodie qui depuis ne m’a plus quitté.

Une fois que j’ai enregistré basse en main cette mélodie dans Reaper, le reste du morceau est sorti tout seul. Et j’ai vite entendu ce morceau dans le répertoire du 4tet jazz. J’ai donc entrepris d’enregistrer une maquette complète pour la faire passer à mes camarades.

Premier mur : le clavier c’est un métier. Poser 3 accords, 3 arpèges, s’en servir pour tapoter la batterie pas de soucis. Mais jouer une mélodie (pourtant pas compliquée) : un calvaire ;  et des pseudo-solos, impossible. J’ai donc commencer à penser à acheter une guitare synthé, acheter un multi effet dédié avec un capteur midi, etc.. mais les prix n’étaient pas dans mes possibilités du moment. Coup de chance : je suis tombé sur le logiciel « jamorigin », qui pour un prix nettement inférieur me permettait de transformer n’importe quelle guitare électrique en guitare synthé sans adjonction de capteur. Une petite strat d’occase plus tard, on oublie le mur ! Me voilà capable de jouer tout ce qui me passe par la tête avec des possibilités sonores illimitées.

Second mur : Je suis allé au bout de cette maquette. J’y ai même inclus une partie de l’enregistrement dudit Merle, rendre à César ce qui lui appartient. Je l’ai envoyé au groupe. Sauf qu’eux parlent le musicien couramment, et ont l’habitude pour travailler d’avoir des partitions. Du coup il me fallait attendre que le sax aie le temps de déchiffrer ma maquette pour la mettre en partitions pour lui et le pianiste ;  avec son agenda de ministre.. J’ai donc compris que si je voulais avancer, il me fallait être capable de le faire moi-même. « le solfège en 15 minutes par jour pour les nuls ». 6 mois après, je me lançais dans l’écriture de la partition en découvrant le fabuleux Musescore. Et depuis la fin de l’année dernière, nous avons enfin attaqué la mise en place du morceau avec le groupe. Objectif atteint !

Depuis, j’ai commencé à empiler quelques idées d’autres compos. Une collab en cours sur un morceau avec un pote gratteux un peu loin de moi notamment. Jusqu’à maintenant j’avais tendance à toujours me figurer le rythme et essayer d’enregistrer une partie Batterie de base au début. Mais en lisant Glen, je me rends compte que ça doit me limiter. Je vais donc modifier mon approche, et commencer mes enregistrements avec ce qui me vient et juste le métronome au tempo que je sens comme repère.

Pour les idées, ça vient de la basse, ou de la guitare en général. Parfois j’ai une mélodie qui me vient dans la tête, je l’enregistre en la chantant dans le téléphone et je la grave dans reaper avec la basse ou la guitare. Et les compos se construisent petit à petit. A partir de maintenant, je vais pouvoir écrire la partition facilement au fur et à mesure.

Pour finir les outils : Reaper, une carte son Roland UA-25EX, un petit clavier midi 25 touches (une bouchée de pain d’occase), le logiciel jamorigin + une Strat Fender mex d’occase, et je commence à m’équiper avec des plugins son de qualité. Amplitube pour la guitare. Le dernier en date V-HORNS de chez Acousticsamples : un son de sax à tomber par terre. Je suis content que le GAS coté matos basse soit mort, car coté MAO il y a un monde à explorer ! prochaines cibles: trompette, flutes, instruments de musique celtique, .. etc ! 

Je rajoute quelques liens vers mes premiers pas un peu plus tard.. edit: Au final pour les liens, j'ai crée un topic dans le forum "compos et sons" .. 

Edited by Sté
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Le 24/01/2024 à 06:43, Sté a dit :

Premier mur : le clavier c’est un métier. Poser 3 accords, 3 arpèges, s’en servir pour tapoter la batterie pas de soucis. Mais jouer une mélodie (pourtant pas compliquée) : un calvaire ;  et des pseudo-solos, impossible. J’ai donc commencer à penser à acheter une guitare synthé, acheter un multi effet dédié avec un capteur midi, etc.. mais les prix n’étaient pas dans mes possibilités du moment. Coup de chance : je suis tombé sur le logiciel « jamorigin », qui pour un prix nettement inférieur me permettait de transformer n’importe quelle guitare électrique en guitare synthé sans adjonction de capteur. Une petite strat d’occase plus tard, on oublie le mur ! Me voilà capable de jouer tout ce qui me passe par la tête avec des possibilités sonores illimitées.

Intéressant, Jamorigin, je ne connaissais pas !
Même émerveillement que toi à la découverte d'EZ DRummer (j'utilisais MTPowerDrumkit sous Reaper, avant).
Là, je peux choisir un pattern qui me convient, le modifier à la volée ou demander à EZD de me pondre un pattern via l'outil Bandmate et au final, je ne compose jamais la batterie (faut dire que les patterns d'EZD sont nombreux, variés et de qualité).

Cela dit, j'ai le même problème que toi avec le clavier, que je contourne avec les outils de Cubase :
- Pads d'accord : pour plaquer des accords, même complexes, sans toucher au clavier
- Arpeggiator : des arpèges en jouant une seule note
- Step input : pour se la jouer virtuose sans l'être :D

Je précise par contre que :
- je suis infoutu d'écrire ou lire des partitions (et je suis aussi à la ramasse en théorie musicale, je connais juste quelques bases)
- je viens du rock en général, les subtilités du jazz et autres ne m'interpellent pas vraiment (ne pas en conclure pour autant que je suis un bourrin inculte 😅).

Côté outils :
- basse, forcément, essentiellement ma fidèle Yam BB 1200 S
- guitare, parfois (mais sorti des power chords et de quelques gammes, je ne sais pas faire grand-chose)
- une paire de claviers (mini Akai LPK25 branché en permanence, et M-Audio Oxygen 49, qui prend bien trop de place sur mon bureau actuel)
- Cubase pro 13
- Amplitube
- EZ Drummer 3
- Ample Hellrazer (VST de guitare metal)
Et ça suffit amplement pour composer :)

Edited by chips
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... pas trop compositeur mais quand ça vient, En gros, c'est toujours à partir d'une petite mélodie qui passe par la tete par pur hasard. Après un grand essai de la concrétiser sur une basse. Puis si ça sonne quelque chose, j'essaie de comprendre ce que je joue... c'est la que vient la theorie musicale et tout les regles qui va avec...😜

... Et hop, une petite video pour memoriser les doigtés. Après un petit rec écoutable pour faire une maquette à proposer aux autres, et ainsi de suite

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 Ah si tu savais! Le manoir, c'est le truc qui me manque! J'ai beaucoup de matos dans une petite maison où je n'ai pas de pièce dédiée à mon occupation professionnelle ou à mes passions. Donc c'est plutôt la caverne d'Ikea Baba où la plupart du matos doit trouver sa place dans son armoire.

Pour le moment, J'investi la majorité de mon pognon dans l'éducation des gosses (c'est un choix, j'était pas obligé de faire ça). J'espère pouvoir choper la caverne a un moment donné. J'ai de quoi la remplir effectivement!

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Le 25/01/2024 à 22:07, glen a dit :

 Ah si tu savais! Le manoir, c'est le truc qui me manque! J'ai beaucoup de matos dans une petite maison où je n'ai pas de pièce dédiée à mon occupation professionnelle ou à mes passions. Donc c'est plutôt la caverne d'Ikea Baba où la plupart du matos doit trouver sa place dans son armoire.

Pour le moment, J'investi la majorité de mon pognon dans l'éducation des gosses (c'est un choix, j'était pas obligé de faire ça). J'espère pouvoir choper la caverne a un moment donné. J'ai de quoi la remplir effectivement!

Je serai néanmoins très intéressé de voir tout ce beau matos (et posé mes mains sur cette fabuleuse JP 8c fretless...)

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