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Huort Ch.

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Everything posted by Huort Ch.

  1. Par expérience, c'est vrai qu'il y a des régions plus mal loties que d'autres, mais on ne peut fustiger telle ou telle mentalité sur simple position géographique. Hélas le mal s'est organisé le le fabuleux outil qu'est l'Internet a été mis à "profit" pour augmenter l'efficacité des réseaux et brouiller les pistes. Je travaille, ainsi que quelques (trop rares) confrères sur les questions de traçabilité des instruments. On s'est rendu compte depuis pas mal de temps que les vols de grosse bagnoles étaient commandités depuis l'étranger et effectués par des filières étrangères, et qu'une bagnole était déjà revendue avant même d'être volée ! Avec tout ce battage que provoque l'envolée des prix du vintage (soi-dit en passant une belle bulle spéculative qui est en train de se fissurer outre-Atlantique... Attention aux mauvais placements), il est aujourd'hui de notoriété que la gratte devient une proie facile, et si beaucoup de soupçons pourraient se porter sur l’entourage de la victime, rien ne prouve qu'un cambriolage qui frappe à Vidauban ne soit pas effectué par des gens d'ailleurs, voire de très loin. N'oublions pas que la région PACA est un peu plus passagère et plus "brassée" que la Creuse ou le Larzac... Tu veux mon avis Kennedy ? La gratte de collection est très difficile à refourguer car un collectionneur a besoin de "retracer l'histoire" de ses pièces maîtresses. Même si tous ne sont pas des exemples d'intégrité, pour nombre d'entre eux, une Strat Série-L reste une sorte de Saint Graal, donc hors de question de s'attarder sur un exemplaire de provenance "chelou", surtout à prix cassé... qui sera invendable et difficilement négociable. Cela dit, les trafiquants se sont adaptés. A savoir qu'à moins d'avoir affaire à une joyeuse bande de Pieds Nickelés, ces Stratos seront soit "délayées", soit "cannibalisées". Délayées signifie : Que ses pièces seront mixées avec plusieurs autres instruments de la même période, pour rendre toute traçabilité extrêmement compliquée à prouver ; à moins d'avoir des photos de détail d'une grande qualité pour pouvoir identifier les pièces (nervures d'un manche, rayures ou traces sur une vernis...). La "cannibalisation" est le sort souvent réservé aux exemplaires trop "visibles" (ex les Série-L...) : Leurs numéros et leur bobine étant souvent fliquées par des dossiers photos (pour des besoins d'expertises d'assurance par exemple), celles-ci sont souvent démantelées et revendues en pièces détachées, parfois même aux enchères sur des sites spécialisés (ex. eBay...), assurant ainsi 1,5 à deux fois plus de bénef que la revente de l'instrument entier. Je sais que ce que je dis peut faire flipper certains, mais ne perdez jamais de vue que les malfrats n'aiment pas les instruments... Pour eux ce n'est qu'une vague marchandise d’échange. Pour m'investir largement dans la lutte contre le vol d'instruments (expérience perso malheureuse oblige), et avoir eu la chance de participer à quelques expertises et identifications, il existe des moyens simples même s'ils paraissent dérisoires... Par exemple, il y a une vingtaine d'années (j'étais encore salarié), mon patron de l'époque rentre une gratte en réparation pour un revernissage complet. N'étant pas là le samedi, c'est lui qui avait reçu le client, et comme d'hab, la fiche n'était remplie que (très) sommairement. En démontant la gratte, je me suis rendu compte d'un souci et n'ayant pas de numéro de tél pour joindre le client, j'ai utilisé celui que j'ai trouvé sur une minuscule étiquette planquée à l'intérieur de la cavité électronique. Cool, me suis-je dit ! Sauf que l'accueil au tél a été très froid... En fait cette guitare avait été volée plus d'un an avant, planquée, ressortait tranquillement, et venait d'être rachetée par un pauvre mec qui n'était pas au courant. Le type qui était au bout du fil n'était autre que la victime du vol. Au final, le propriétaire a repris sa gratte, celui qui l'avait rachetée s'est retrouvé receleur, et les types qui ont fait le coup ont fini par se faire serrer... tout ça grâce à une bonne vieille étiquette d'écolier ! Le moyens techniques ayant évolué, chez moi, cela fait 2 ans que toutes les instruments fabriqués sont "tagués" en NFC au cours de la fabrication, et que je propose ce type de "mouchards" aux clients qui le souhaitent sur leur grattes. Ce n'est pas infaillible, mais ça peut parfois aider. D'autre part on trouve de plus en plus de petits traceurs GPS, notamment pour les animaux de compagnie, autant de gadgets qui peuvent être détournés à d'autres utilisations... Alors allez-y, lâchez votre imagination et faites-nous profiter de vos bonnes idées ! Bon courage à tous ! CH
  2. Bonjour ! Dans tout ça il y a effectivement beaucoup de vrai... J'ai relayé ce truc car j'ai moi-même subi un cambriolage il y a très longtemps. Une douche froide en arrivant, ben oui c'est sûr, mais le problème c'est que plus de 20 ans après j'ai toujours le doute d'avoir ou non bien fermé la porte avant de partir... Dans l'entourage... évidemment ! C'est même le cas pour plus de la moitié des cambriolages. Et pour moi qui étais salarié à cette époque, les renseignements émanaient des mes collègues de boulot. Bilan : 2 basses et 50000 francs de matos photo. Par contre, sachez-le, il se développe aujourd'hui de véritables réseaux de renseignements qui vous livrent du cambriolage "clés-en-mains" ! En discutant avec un client (cybergendarme), des réseaux organisés scrutent tout ce qui se passe dans certains quartiers, zones industrielles ou artisanales, restent en planque des jours et des WE entiers à relever les heures d'ouverture/fermeture (faciles à trouver sur Google...), les allées et venues, s'il a de la télésurveillance, des clébards dans les cours d'usines, etc... Et transcrivent le tout dans de grosses bases de données (souvent hébergées à l'Est). Ensuite interviennent de véritables équipes de "commerciaux" (si j’ose dire...) qui revendent en ligne toutes ces "opportunités de forfaits" avec une vraie "fiche technique", de sorte que quand les auteurs débarquent, ils savent exactement ce qu’ils font, ils connaissent vos locaux par cœur, ainsi que leur contenu... quand le matos n’est pas déjà commandé d’avance ! Pour les particuliers, c’est encore plus simple. Des sales types passent leur temps à scanner les réseaux sociaux, où on prend l’habitude de tout (trop) étaler sur sa vie, et croisent les pseudos de manière à savoir ce qu’il y a comme matos dans une baraque (grattes, mais aussi bagnoles de collection ou autres objets de valeur...). Après ils guettent le "feu vert", par exemple, quand le mec poste ses photos de vacances sur Facebook... J’ai un client qui a plus de 50 grattes Fender vintage et une trentaine d’amplis, il a mis plus de trente années à accumuler ça. Il y a 6 ans, il a été pisté par un type qui a profité de lui acheter un micro Jazzmaster de 62 d’occase pour récupérer son adresse sur le colissimo. Heureusement on a réussi à le chopper à temps. Le cinglé avait jusqu’à 9 pseudos différents et entamait des discussions avec tous ses "lui-mêmes" histoire de mettre les gens en confiance. Si je n’avais pas ma base de données où je relève chaque numéro de série de chaque gratte qui passe la porte de l’atelier, son manège serait passé comme une lettre à la poste. Le pire c’est que c’était aussi un collectionneur qui était juste jaloux des mecs qui avaient plus de grattes que lui ! Un grand malade quoi... Voilà, tout ça pour dire que les collections de guitares (ou autre objets) ça a toujours existé, mais avant les gens en parlaient moins. Ce qui est bizarre c’est qu’avant ils étaient "discrets" vis-à-vis des gens qu’ils ne connaissaient pas bien, mais qu’aujourd’hui les mêmes ont tendance à considérer comme "ami" un type qui vient de cocher une case sur Facebook. Au-delà des biens matériels, ce qui m’a fait le plus de mal dans le vol de mes basses et de mon matos photo, c’est que le collègue de boulot à qui j’en avais parlé partageait la même passion que moi. Après coup on finit par se demander avec qui on peut partager, et c’est bien ça le plus destructeur... Alors soyez prudents.
  3. Bonjour à tous, Je viens de recevoir ça via le bon coin... http://www.leboncoin.fr/instruments_de_musique/909080554.htm?ca=12_s N'hésitez pas à diffuser aussi via vos pages réseaux sociaux... Merci pour lui. Ch. Huort
  4. Merci, ça fait plaisir ! Présenter un nouveau dessin c'est toujours un poil délicat, c'est un peu comme jouer une compo pour la première fois sur scène... Je vais essayer d'en relancer une direct derrière histoire d'en avoir une pour le Bassday. A+, bonne jounée
  5. Hello, Ben oui c'est bizarre ce truc, plusieurs clients m'ont tenu le même discours. Moi-même, comme je le disais, je n'ai jamais été trop fan non plus. Mais à me pencher sur le dessin et d'essayer de choper des courbes qui soient "dans le match" et en même temps qui restent un poil en harmonie avec mes gammes habituelles, j'avoue qu'on se prend carrément au jeu... Voilà ce que ça donne en esquisse (comme ça le client peut la voir avant qu'elle n'existe pour de vrai). http://www.huort-ch.com/lang_fra/fr_miscellaneous/frbass_misc_singlecut1.htm La première sera en manche traversant (spécif client), mais plusieurs options seront dispo. Pour ma part, j'attends de pouvoir la prendre en mains pour apprécier les sensation que ça procure. Evidemment j'en ai déjà essayé qq unes, mais jamais des miennes (et pour cause...), donc difficile de comparer et de quantifier les apports ou différences par rapport à une "double-cut"... A+ et merci pour les voeux ! CH
  6. Cool ! C'est toutes les semaines maintenant... Je viens de l'avoir par tél, tout est ok.On devrait faire la route ensemble. A+
  7. Hello, Pour moi c'est bon (le 24). Il y aura des choses, mais pour l'instant je ne sais pas lesquelles... A+
  8. Huort Ch.

    Bonne Année !

    Bonjour à tous ! Quelle année 2015... Après l'aventure passionnante de la Session Bass (instrument modulaire qui aura donné lieu sur OB à un sujet parfois agité... mais souvent riche d'intérêt), pour moi et ma petite entreprise le reste de l'année a plutôt tourné autour des guitaristes... et oui, désolé les gars. Projet Nautik (guitare à ossature carbone), déclinaison "Rock" du modèle Liberty (enfin !), et pour finir une superbe 8 cordes qui est arrivée juste à temps au pied du sapin. La belle histoire de Noël, c'est que cette dernière a fait mouche outre-Atlantique et m'a valu un contact privilégié avec le distributeur officiel Floyd Rose et Babicz pour les USA... (Glop, glop !) Alors en espérant que 2016 soit aussi l'année des bassistes, je débute donc les hostilités par le lancement d'un modèle "Single Cutaway". On aime ou on n'aime pas... moi ce n'est pas forcément ce que je préfère, mais si je reste en accord avec ce que je rabâchais à mes élèves et apprentis : "Vous ne serez vraiment professionnels que lorsque vous cesserez de dessiner et concevoir les instruments pour vous, et que vous les penserez pour vos clients...", alors à moi de relever le défi et de proposer le chaînon manquant de ma gamme, n'est-ce pas ? Et puis de toute façon, comme je viens d'en accepter une en commande... Y'a plus qu'à ! (Visuels bientôt dispos en ligne dès finalisation du dépôt INPI et validation avec le client). Sinon quoi d'autre ? Ah oui j'ai enfin trouvé le temps d'incruster des" Like/Share-box" Facebook sur certaines pages de mon site pour faciliter les partages d'infos... Voilà comme ça on ne pourra plus dire que je suis un dinosaure du web, na ! Bon ben sinon, je crois me souvenir que j'avais ouvert ce sujet pour présenter mes vœux ? Alors je vous souhaite tous le meilleur pour cette nouvelle année, plein de bonnes choses avec des gros morceaux de bonheur à l'intérieur. Très bonne année 2016 à tous ! CH
  9. Bonsoir Duchmoll, Il est précisé sur mon site que tous mes modèles ou presque sont dispos en 4,5,6 ou plus... (et même mes guitares en 6, 7 ou 8 cordes, etc...). Je réalise la majeur partie de mes pièces sur commande et très souvent en sur-mesure, alors en définitive elles sont surtout ce que le client me demande (logique). A+
  10. Salut Juplu, C'est bien ce que je sous-entendais... quand on dit un "endroit", c'est souvent bien plus qu'un simple endroit. C'est de la disponibilité, de l'attention, un sens aigu du partage et surtout un boulot énorme, pour créer le décor propice à une ambiance souvent magique qui laisse toujours un petit goût de "reviens-y" : ça s'appelle créer des instants, et c'est toujours à saluer bien bas. A+
  11. Hello Cher Mistergroovy, Désolé pour ce retour si tardif, mais j'ai été quelque peu bousculé ces derniers temps... Quelques journées de formation (on ne sait jamais tout dans ce monde qui bouge...) et surtout la finalisation du projet Session. Et oui la demande originale portait bien sur deux basses et je crois me souvenir que le sujet aux plus de 49800 vues s'est malheureusement "éteint" un peu avant la fin... Mais ouf ! La petite sœur est donc livrée chez son propriétaire, et donc visible ici : http://www.huort-ch.com/lang_fra/fr_miscellaneous/frbass_misc_session.htm Et là (de plus près) : http://www.huort-ch.com/pictures/miscellaneous/s1505092/s1505092_wide.jpg Pour en revenir aux bassdays, tu ne fais peut-être que fournir l'endroit, mais souvent c’est l’essentiel pour faire exister quelque chose. Au départ il y a toujours une initiative, et je ne peux que louer ce genre d’initiative. Tu sais j’ai passé des WE entiers à me faire suer dans des salons soi-disant "professionnels" où tu vois défiler des visiteurs du style promeneurs du dimanche... Dans un bassday au moins, les types qui sont là savent ce qu’ils sont venus faire. Et puis une basse, personnellement elle est mieux sur une scène à taper le bœuf que sur un stand devant une paire spots et une pile de cartes de visite. Je comprends tout-à-fait la position de Patrick. Je verrai ça avec Tophe, dès qu’on pourra se voir (j’espère qu’il descendra passer qq jours à la maison dans l’été...). Mais d’un autre côté la présence d’autres marques est aussi un point de comparaison, ça ne gêne pas après tout... même pas peur ! A suivre... Et merci pour tout CH
  12. Salut Sven, Même si ce n'est pas vraiment mon postulat de départ, tout ce que tu dis est parfaitement exact et intéressant à souligner. Les forêts françaises ont été au plus bas jusque vers l'époque napoléonienne, du fait que le bois était à la fois le principal matériau de construction (maisons, ouvrages, outillage...), et aussi le principal combustible (cuisine, chauffage,...), et il n'a été suppléé que lors de l'ère industrielle au début 19ème. Donc pour nous pas de souci, ça augmente, si ce n'est effectivement un choix parfois peu judicieux en matière de plantations comme tu l'expliques. Mais, outre les ormes qui ont été décimés il y a 30 ans (et qui sont encore rares aujourd'hui dans certaines régions), il y a aussi une vigilance actuelle au sujet des platanes du canal du midi qui sont actuellement abattus en nombre et replantés pour éviter la propagation d'un champignon pas très sympa, et par ailleurs une épidémie assez grave a été signalée sur les frênes au Royaume Uni. Phénomène pris très au sérieux car là-bas cette espèce constitue plus de 70% des forêts d'Angleterre ! Pour ma part, je voulais juste souligner que nous avons chez nous une belle variété d'essences très intéressantes en lutherie, et qui se mariaient tout-à-fait bien avec les espèces exotiques ; ce que je fais depuis près de 25 piges (ainsi que d'autres confrères je suppose...). Pour ce qui est des Ricains, là-bas, le grand must est aux bois européens. Par exemple chez D'Angelico, les séries "Standard" et "USA" sont en bois locaux (US), et les séries "Master Builder" affichent European spruce et European maple... et c'est ainsi chez tous les grands fabricants étrangers. Ces derniers temps se répand un état d'esprit qui tendrait à vouloir bannir toute planche qui n'aurait pour seul défaut que d'avoir été importée... Les bois exotiques aussi peuvent être consommés s'ils ne sont pas abusés, tout est dans la nuance, et les labels qui défendent le respect de règles n'ont de raison d'être que si ce commerce existe. La preuve a été faite que les pays qui ont perdu des marchés d'exportation ont vu leur économie s’appauvrir et leurs portes s'ouvrir inexorablement à toutes les dérives... Donc ne plus les utiliser aurait de pires conséquences. Certes il y a des soucis de méthodes d'exploitation ailleurs, mais remarque chez nous on consomme bien du parquet de chêne dont l'arbre est abattu en France (c'est ici qu'on trouve les plus beaux !), débité et traité en Chine (à 14000 km), et qui revient en matériau prêt à l'emploi 20 à 30 % moins cher que s'il était traité sur place ! Bonjour la trace carbone... et les fermetures de scieries chez nous.
  13. Quand le dernier arbre aura été abattu, Quand la dernière rivière aura été empoisonnée, Quand le dernier poisson aura été péché… L’homme blanc s’apercevra que l’argent ne se mange pas. ... C’est l'une des plus célèbres citations du chef Apache Geronimo, mais pourtant, et sauf erreur, les Amérindiens naviguaient, pêchaient, chassaient et exploitaient les arbres, n’est-ce pas ? Effectivement, la nature a toujours eu et aura toujours besoin de se renouveler. Et nos anciens à nous l’avaient aussi bien compris que les Amérindiens. Dès 1989, mes premiers instruments étaient quasi intégralement réalisés en espèces dites "de pays", non pas par conviction écologique ou pire encore, par souci de bonne conscience politico-commerciale, mais par simple manque de moyens. Ainsi mon premier modèle Custom-I (Pretty Woman) est réalisé à 100% en frêne de marais français et érable champêtre français, et je pense que son propriétaire qui la joue depuis 1990 ne s’en est jamais plaint. Idem pour mes premières basses Africa Long Scale et Tenor qui arborent des manches en érable français, et respectivement loupe d’ormeau et frêne-olivier pour les corps.... Alors jeune débutant, quand je montrais mes réalisations à des luthiers "établis", je recevais de leur part des compliments sur la qualité prometteuse de mon travail, mais une moue un peu dubitative quant à la "pauvreté" des matériaux employés... Dont acte, malgré tout ce que j'ai pu entendre j'ai néanmoins suivi ma ligne de conduite, mettant un point d'honneur à promouvoir les qualités acoustiques et mécaniques bien réelles de nos espèces locales à chaque fois que je l'ai estimé opportun (près de 50% de mon stock provenant même du seul Poitou-Charentes). Je n’ai acquis mes premiers stocks d’ébène et de palissandre qu’à partir des années 2000, cette fois-ci non pas par manque de moyens, car j’avais trouvé des qualités évidentes à nos essences locales, mais simplement pour répondre à des demandes plus spéciales. La recherche d'équilibre et de compromis entre espèces exotiques et de pays m’a toujours offert de merveilleux résultats. Les meilleures solutions passent avant tout par un jeu de compromis plus que par un raisonnement en "tout-ou-rien". Mais qu’en est-il finalement aujourd’hui ? Il y a trois ans, en visite sur un salon professionnel, j’ai surpris ça-et-là, au détour des allées, d’âpres discussions vantant les qualités à priori insoupçonnées de nos espèces françaises. Rien d’étonnant, me direz-vous, je le savais depuis toujours. D’ailleurs est-ce un hasard si les Custom Shops des plus grandes marques Américaines font leurs emplettes dans nos forêts des Vosges et du Jura et dans les pays d’Europe centrale ? En gros tout le monde est au courant depuis belle-lurette de la qualité des bois européens et il semblerait que cette nouvelle se répande finalement chez nous ! Rien d’étonnant... si ce n’est le fait que parmi ceux qui me déclinaient soudain avec passion ce grand plaidoyer pour des forêts tropicales qu’ils n’ont jamais vues et dont ils ne respireront sans doute jamais le moindre parfum, dans les preux croisés de cette nouvelle déontologie, j’ai bien cru reconnaître les mêmes illustres qui 20 ans auparavant m’assénaient la magnificence du palissandre de Rio et la suprématie du fabuleux ébène appelé le Noir du Gabon, tout en m’exhibant un stock de raretés exotiques à faire pâlir le plus blasé des bûcherons amazoniens ! Depuis peu, non seulement cette nouvelle "mode" est lancée, mais il s’avère qu’elle tend en plus à prendre des allures de quasi boycotte de toutes espèces exotiques sans distinction aucune. Ayant grandi en Afrique noire (qui n’est pas le dernier des continents à être sauvagement exploité), je pense avoir gardé dans mes souvenirs d’enfance une certaine idée des ravages de la déforestation intensive. Certes, il y a urgence, et chaque année la liste des espèces rangées aux différentes annexes des conventions CITES s’allonge dangereusement. Mais cependant je souhaiterais souligner les effets encore plus néfastes que pourrait occasionner un tel désintérêt en provoquant une chute du marché de l’exploitation officielle ; même si par ailleurs l’ensemble de la lutherie mondiale n’est pas pour l’heure le principal consommateur de ces essences... Mais de quel droit nous, les blancs de l’hémisphère nord, déciderions encore une nouvelle fois de l’avenir des pays du Sud ? Ces gens sont assez grands pour gérer leurs questions intérieures en s’affranchissant de notre avis, pour peu que nous leur en donnions réellement et sincèrement les moyens. Pour certains de ces pays, l’exploitation de leurs ressources naturelles reste la plus grande part de leur richesse nationale. Sans cette manne financière, les rares régimes encore modérés des régions équatoriales s’en trouveraient politiquement un peu plus déstabilisés, et par voie de conséquence tous leurs efforts économiques réduits à néant ; ouvrant ainsi la porte à des régimes peu regardants envers l’art de la démocratie et beaucoup moins scrupuleux envers les questions écologiques et l'exploitation sauvage des richesses naturelles. Quand j’entends ce type de recommandations à l’emporte-pièce, je ne peux m’empêcher d’y percevoir un nouvel argument commercial de "bonne conscience" : l’éco-responsabilité se vendant sans doute mieux que certaines guitares, il serait de bon ton de repeindre nos vieux concepts aux couleurs "circuit-court" et "production locale". Les systèmes binaires sont l’invention de l’homme pressé ou intéressé qui attend un résultat, la nature quant à elle n’attend rien, elle évolue seulement, elle obéit donc à des principes nuancés. A noter que les circuits dits courts ont toujours existé car issus de la logique de gestion la plus élémentaire, ce sont au contraire les circuits longs qui ont été enfantés par le mercantilisme sans conscience de ces trente dernières années. Sur l’île de Madère, j’ai visité des musées meublés de commodes et buffets en ébène, amourette ou palissandre de Rio massifs, le goût de l’exotisme a toujours été et sera toujours pour ceux qui en auront les moyens, mais l’armoire de mon salon héritée des mes aïeuls révèle la splendeur d’un simple noyer de chez nous ; toutes les beautés ont une place. La grande cuisine ce n’est pas une demi-langouste sur une tranche de foie gras, surmontée d’un pâté aux truffes et douchée d’une louche de caviar, la vraie cuisine c’est un juste équilibre de saveurs subtiles pensé pour surprendre et contenter ceux à qui on la destine. Ayant toujours respecté les directives mondiales en matière d’espèces réglementées, je ne vois pas pourquoi je pourrais, ni je devrais, aujourd’hui décréter de bannir l’usage des essences exotiques dès lors qu’elles font l’objet d’une exploitation encadrée et raisonnée. Ainsi ai-je décidé depuis déjà plusieurs années, et sans qu’on me le suggère, de donner la priorité aux sources d’approvisionnement ayant reçu la certification "Rainforest Alliance" (WWF) ou "Forest Stewards Council" (FSC). D'une manière plus pratique, l'achat de bois certifiés représente une majoration tarifaire de 20%, et même si ce coût n'est pas négligeable à l’échelle d’un stock, cela reste insignifiant dans le prix global d’un instrument, soit un effort bien dérisoire face aux retombées positives que cela engendre sur place. Mes fournisseurs sont les mêmes depuis maintenait un quart de siècle, sélectionnés sur leur déontologie et leur transparence, ils ont ma confiance et je ne prévois pas d’en changer. D’autre part, entretenant d’étroites relations avec plusieurs corps de métiers de la filière bois, je tiens également à souligner que certaines espèces bien de chez nous font également l'objet d'exploitations peu respectueuses en matière de "signature carbone". J’ai même reçu en cadeaux de la part de vieux ébénistes retraités des échantillons d’espèces autrefois présentes sous nos latitudes et qui en ont totalement disparu au fil des dernières décennies. Ce qui confirme bien que le débat porte beaucoup plus sur la nécessité d'une utilisation mieux raisonnée, que sur le choix décrété par les puissances de l’hémisphère nord, des continents qui recevraient ou non la pleine responsabilité de gérer eux-mêmes leurs propres ressources naturelles. Merci pour cette petite planète qui nous offre tant de si belles choses. A consulter pour plus d'infos... http://www.rainforest-alliance.org/fr/about/marks/rainforest-alliance-certified-seal http://www.wwf.fr/nos_priorites/reduire_l_empreinte_ecologique/certifier_les_filieres_bois_et_papier/label_fsc/?
  14. Hello, Moins présent car un peu occupé en ce moment, (notamment par une certaine Session Fretless... qui entre en phase finale). ici ça commence à être la saison de la préparation du 21 juin et surtout des festoches d'été (avec les habituels backlines en prévision). Oui, cette Stage piézo est redoutable, comme ses frangines, mais elle, elle a surtout eu un parcours pour le moins hors normes. Pour moi, une de ses qualités premières me semble surtout qu'elle a su trouver son maître et qu'il sait apprécier cette chance. C'est surtout ça la vraie recette magique ! Salut JL, Avec mon confrère, concurrent et avant tout ami Tophe Capelli, on s'est dit que ça a doit être un moment assez sympa à partager... un BAss Day (surtout pour les bouffes en terrasse !) En tout cas, ce type d'ambiance me rappelle mon magasin préféré de Poitiers dans les années 80 : les jeudis aprèm, à la débauche de la fac, quand on entrait là-dedans c'était Woodstock ! Le pauvre vendeur ne gérait plus rien et restait enfermé dans son bureau avec son tube d'Alka Seltzer... Quand je vois ce que c'est devenu, je ne peux m’empêcher de louer ce genre d'initiative. Alors bravo pour tes Bass Day ! A+
  15. Hello, Ben oui, effectivement il y en a plus qu'on le pense... Je me suis amusé à remonter dans ma base de données, soit sur ces dix dernières années (date de création de la base) et donc 1655 instruments enregistrés via 700 clients : 19 SR modifiées (pas toutes par moi) sur les 69 listées 47 JB sur 171 entrées, 31 PB sur 89 entrées, 4 Ricken sur 31 entrées, Voilà, je n'ai pas fait tous les modèles de toutes les marques non plus, et j'ai limité aux bassistes (vu qu'on est sur "Only" Bass). A noter que le majorité de ces instruments modifiés appartiennent plus souvent à des pros (76%) qu'à des amateurs(24%). Certaines de ces modifs datent de plus de 30 ans, ça s'est toujours fait.... et ça se fera toujours. Ces modèles mythiques sont souvent vus comme immuables, mais ils vous sont "proposés" comme une prestation de base, et non "imposés" en l'état. Comme déjà évoqué plus haut en début de ce sujet, on a usage de dire qu'ils sont "presque universels", et ce "presque" signifie que parfois il leur manque juste une petite touche en plus pour assurer le bonheur du musicien, ou simplement "faire le job". Est-ce que Marcus est sensé regretter sa JB d'origine ? A première vue je ne pense pas... mais je me trompe peut-être...
  16. Merki, merki... mais comme je le dis souvent (et je pense l'avoir abordé sur ce forum) ce genre de boulot est aussi une chance : pénétrer les entrailles de ces instruments c'est une manière de s'approprier quelques miettes de la légende... si ce n'est pas y laisser quelques miettes de soi. Le coût ? Il est pratiquement impossible de fixer des tarifs "standards" pour ce type de boulot. Pour 10 problèmes similaires il y aura peut-être 10 devis différents car il y aura sans doute 10 configurations différentes (bois apparent, sunburst, naturel,...etc.). Le tarif proposé à Piedo est un peu en dessous de ce qu'il aurait dû être chez des confrères "spécialisés" que ce soit en France, aux USA ou au Japon, les tarifs se tiennent (en fonction de la notoriété du bonhomme...). Après, comme je l'ai abordé ici aussi (plus haut), mon atelier vit sur la fabrication et peut offrir ce genre de prestations parce que je dispose de l'infrastructure ad-hoc, mais si la balance entre la marge produite par la fab et celle dégagée sur la répar se déséquilibre, la restauration ne peut suffire seule à rentabiliser les équipements qu'elle met en jeu. Je peux offrir de la restauration à prix abordable parce que je fabrique, si je ne fabrique plus... plus d’atelier ! D'un autre côté, si j'avais annoncé le vrai tarif à Piedo, je pense sincèrement qu'il n'aurait pas eu le budget et même s'il n'avait pas manqué beaucoup, il ne l'aurait sans doute pas faite restaurer. C'est un calcul, je l'avoue. Je peux donner du fric à un mec qui va aller distribuer des flyers le samedi aprèm à la sortie de l'hyper de mon bled (c'est déductible des impôts en budget pub), mais je peux aussi "investir" dans une réparation qui récolte plus de 4600 vues sur un forum (de qualité)... les retombées en termes de visibilité ne sont pas les mêmes ! Bon là je crois que je casse la magie du truc... Mais dans la vie, si rien n'est jamais gratuit, je pars du principe qu'il faut s'attacher à trouver le tarif "intelligent". C'est ainsi que va la vie du chef de (petite) entreprise : un jeu d'équilibriste ! Tu fais tourner les assiettes sur des tiges et tu surveilles qu'il n'y en ait pas une qui dégringole pendant que tu regardes ailleurs... ou gérer la mince frontière entre s'approprier un bout de la légende et y laisser un bout de soi. Donc en résumé, si tu as bien pigé mon cher 3prod, c'est en partie grâce à tes commandes que tu peux admirer ce spectacle. Alors profite des images sans modération, car ce sont aussi un peu les tiennes ! Allez hop, le boulot m'attend ! A+
  17. Hello ! Tous ces messages de bienvenue qui auraient mérité un petit retour... mais c'est que ça en fait du monde... Alors à vous tous qui avez visité cette page ou qui m'avez fait l'immense plaisir d'honorer mes quelques intervention, mais sans oublier dans l’ensemble de cette communauté fort sympatrique ces travailleurs de l'ombre nommés modérateurs, qui s'échinent à contenir nos élans parfois débordants... je tiens à souhaiter de très joyeuses fêtes de Noël ! Et pour ce qui est de cette nouvelle année qui s'annonce je nous souhaite d'être toujours plus nombreux à partager plein d'instants passionnés. Musicalement à Tous et à très bientôt. CH
  18. Salut à tous ! Le seul "secret" d’une bonne une bonne réparation ce n'est pas un déluge de matos, seulement un peu d'expérience et surtout... un poil de bon sens. J'ai appris beaucoup d’autres corps de métiers. De la même manière qu’un chirurgien ira planquer une cicatrice dans un sourcil ou un pli de paupière, un bon carrossier ne fera jamais une reprise de peinture au beau milieu d'une portière ou d’un capot ! (Est-ce pour cela que l'on parle dans les deux cas de belles carrosseries ? Bon, je sais c'est moyen...). Idem en réparation ou restauration de guitare, il faut toujours aller chercher des arêtes, ou à défaut, des zones de changements de reflets (notamment sur des métallisés). Il y a aussi un autre aspect : quand un client récupère un instrument réparé, je sais très bien que son regard ira machinalement chercher la reprise là où étaient les dégâts, jamais à l'autre bout... D’autre part, plus techniquement, ici on a un bois de corps qui est recouvert d’une véritable tartine de polyester depuis 36 ans et une pièce de bouchage toute brute. Un vernis ou une sous-couche (fond dur) pénètre dans les pores du bois au fil du temps, parfois sur des années (Ce qui est souvent vu comme un "défaut" n’est qu’un processus naturel). Même après ponçage il subsistera un colmatage de l’ancienne sous-couche dans le frêne du corps, sauf évidemment à enlever une couche de plusieurs dixièmes de millimètres sur chaque face (mais la basse est sensée faire la même épaisseur finale...). Par contre la nouvelle pièce aura des pores tous propres et bien assoiffés, elle ne demandera qu’à se gaver de sous-couche. Ne pouvant pas garder l’instrument en séchage et stabilisation pendant 6 mois ou 1 an, dans ce cas tout raccord apparent est ici absolument prohibé, et surtout dans la zone "vide" entre le pickguard et le chevalet ! Quand on répare ou restaure, il y a souvent plusieurs solutions pour un même problème, alors il est impératif de se projeter dans le temps et imaginer le vieillissement possible de la réparation envisagée ; c’est surtout cela qui déterminera la solution à retenir. Non, non, à l’époque un corps d’une pièce n’est quasiment pas envisageable (et surtout rarissime). Le Swamp est un bois à forts écarts de densité, si l’on veut garder un poids raisonnable il est fréquent de devoir "trier" les morceaux les plus légers et de pratiquer le multi-pièces. Celle-ci est en deux pièces avec un joint très excentré, comme la plupart (en fait on aperçoit un peu le joint sur l’image 4/17). Hélas, la défonce du JB débordait de ce joint de près d’un centimètre... donc pas possible de s’aligner dessus. Dans la mesure où l’instrument est laqué Olympic White, cela n’a que peu d’importance. Réponse commune avec le paragraphe précédent : si j’ai prolongé "l’amputation" d’un côté jusqu’au micro (sous le pickguard) et de l’autre jusqu’à l’attache courroie, c’est pour proscrire tout joint perpendiculaire au fil du bois, qui tôt ou tard se verra comme le nez au milieu de la figure. Dans le principe oui, mais là ce n'est pas tout à fait possible. C'est le cas sur cette restauration de l'album de mon site (http://www.huort-ch.com/lang_fra/repairs_fra/Repair_04.htm). Sur la PB de 66, d'une part le corps est en aulne (donc veinage moins marqué et plus facile à apparier que le frêne), d'autre part on a un corps en 3 pièces dont le noyau central est assez large pour tout englober. Ainsi j'ai remplacé la pièce centrale à mi-bois, du manche à l'attache courroie, ce qui a permis de refaire le sunburst en planquant les raccords aux extrémités sous le tobacco (quasi noir). Avec un naturel complet on verra toujours la réparation sur les chants, quasi impossible à planquer. Mais on parle quand même d'instruments presque ressuscités... à l’impossible nul n'est tenu ! Même quand un naturel n’est plus possible, un sunburst c’est quand même pas si vilain ? A+
  19. Salut cams, Réflexion très judicieuse... Il y a peu un de mes confrères a dit à un de mes clients que le manche de sa basse était bon à jeter à la poubelle parce que letruss n’agissait plus (ou pas assez). Les cas comme font légion. Tu as raison, un manche n'est "quasiment" jamais mort. Mais après la limite est souvent budgétaire...
  20. Salut à tous, Ce type de réparation est (hélas) courant. Ça peut paraître impressionnant au premier abord mais, comme je dis souvent, c'est un peu comme la chirurgie esthétique : moche avant, impressionnant pendant (voire dégeu...) et sympa après. Sauf quand il y a un loupé, mais ça... C'est vrai que voir des photos est formateur c'est d'ailleurs pour cela que j'ai réalisé un album des réparations sur mon site (très consulté par l'étranger... et notamment outre-Atlantique... Cocorico !). Mais il faut retenir que ce qui a été effectué dans un cas précis, ne marchera peut-être pas dans une autre situation. Pour avoir enseigné la réparation plusieurs années durant, le plus difficile à faire comprendre à mes auditoires était que la seule méthode est qu'il n'y en a pas. Il n'y a jamais deux fractures exactement pareil, deux défonces au même endroit ni à la même profondeur, la même déformation d'un manche...etc. La réparation est le domaine où la seule chose dont on est sûr c'est que l'on ne peut prétendre savoir, à part qu'une fois engagé il faut arriver au résultat ! A+ PS : A consulter également le petit paragraphe qui s'y rapporte dans le sujet de 3prod.
  21. Salut, On s'est croisés sur la réponse, mais c'est exact. Tu as oublié la Starcaster et ses analogies à peine cachées avec l'ES-335... Tu as raison, et cela rejoint mon "pavé", CBS venait d'acheter un beau joujou, mais ils n'avaient pas encore assimilé le mode d'emploi. J'ai connu ça dans des réunions de production : prendre un décision non pas parce que c'est nécessaire, mais parce qu'il en faut une... Il y a eu un sacré paquet de projets avortés à cette époque, d'un autre côté je le vois à chaque fois que je me pointe devant ma table à dessin (disons maintenant "mon écran") : pas facile de faire autre chose qu'une Srat ou une Jazz Bass revisitées. A ce propos, il y a 2 ou 3 ans, un client New Yorkais m'avait demandé un devis pour ré-éditer une Marauder point par point, mais il s'imaginait le budget d'une Jazzmaster Mexique. Je ne sais pas si un de ces 4 je ne vais pas ressortir le carton des archives... elle vaut ce qu'elle vaut, mais rien que pour le fun, je lui trouve du chien. A+
  22. Fender, pour beaucoup c'est des modèles "légendaires" et un "gros" catalogue. Mais quand on évoque l'histoire de cette marque, il faut considérer pas moins de sept décennies d'aventure industrielle et d'anecdotes en tous genres... Celle-ci n'est rien qu'une au milieu de milliers d'autres. Une anecdote ce n'est pas toujours un truc "officiel", c'est parfois juste un souvenir de boulot, comme on en a tous plus ou moins... un truc qui s'est passé, un jour. Outre mes liens familiaux avec les USA, j'ai une chance, ou plutôt "deux" chances : celle d'avoir côtoyé des gens qui ont tantôt travaillé là-bas ou tantôt évolué dans le vintage mais également, et celle d'être issu du milieu industriel. L’industrie, c'est gérer une production ou un catalogue, mais c'est avant tout analyser des retours d'information (feedback), établir une stratégie commerciale, parfaire un réseau de distribution... etc. Et au milieu de tout ça encore faut-il gérer le "quotidien" : approvisionnements, sous-traitance éventuelle de certains éléments, mais aussi le parc machines et ses possibilités... des centaines de données (ceux qui ont bossé dans un service "méthodes" savent de quoi je parle). Quand CBS a racheté Fender en 66, ils se sont retrouvés avec un bel outil de production mais pas forcément le mode d'emploi ! Ce n'est pas parce que l'on possède une usine que l'on sait fabriquer des grattes, et encore moins maîtriser un marché. A cette époque Fender a également dû opérer un passage à une gestion plus "moderne", voire managériale. Pour des "technocrates" venus de l'extérieur, il est évident qu'un modèle qui a plus de dix ans d'exploitation commerciale est sensé être remplacé. Qui pouvait prévoir la longévité de la Strat ou des autres modèles à part le marabout du coin ? La valeur "sentimentale" et le choix "passion" sont des notions qui ne sont exploitées et/ou modélisée économiquement que depuis une toute petite décennie... c'est très récent ! Dans l'automobile un modèle d'aujourd’hui ne fait plus guère que deux années de prod... au mieux, en suite il est "relooké". La 2CV et la Fiat 500 sont des exceptions. Dès lors que l'on dessine une bagnole c'est le coût de son étude qui déterminera le nombre d'exemplaires à produire...et vice-et-versa, et si l'on n'envisage pas assez de ventes potentielles, le dessin retourne dans le tiroir. Parfois c'est une attente estimée du marché qui suscitera un modèle (la voiture qui répond aux questions d'aujourd'hui...). Je pense qu'à l'époque des énarques de bonne augure ont supposé que les Jazzmaster, Jaguar et autres projets "offset" étaient potentiellement plus porteurs pour le haut-de-gamme de la marque (avec l'avènement de la Surf Music), la bonne vieille Tele occupait discrètement l'entrée de gamme, alors la Strat aura sans doute été présumée en fin de vie car peut-être mal située... Personne ne possède la science infuse, et d'autant plus dans le contexte consumériste des années 50/60 aux USA (c'est quand même le pays où ont été forgés les dictas de l'obsolescence programmée). C'est, aujourd'hui encore, la raison pour laquelle les plus grandes marques de tous domaines investissent les forums et autres lieux d'échanges... pour avoir l'info la plus stratégique qui soit, le pétrole du XXIème siècle : les souhaits du client potentiel, celui que l'on nomme "prospect". A votre avis comment font Google et un certain Zuckerberg pour être cotés en bourse avec des prestations totalement gratuites ? A chaque recherche Google, à chaque publication Facebook le moindre mot-clé est analysé, trié comme une matière première transformée en produit fini pour être revendu à celui qui vous adresse des pubs ciblées. c'est la vie ! Un autre exemple dans un domaine différent. Savez-vous que le standard de l'industrie qui totalise la plus grande longévité sans avoir subi de modification est le format 24x36 (bien connu des photographes). Inventé par Leica en 1914 (plus facile à transporter pour les photos de guerre), ce format ne s'est éteint qu'avec l'arrivée du capteur numérique. La technologie CCD étant coûteuse en fabrication et surtout exigeante en matière première (silicium), on a réduit le format, ce qui a entraîné des conséquences sur toute la fabrication des lentilles et des gammes d'objectifs, et même des limites sur la qualité du tirage grand format. Depuis que Canon a acquis le maîtrise du capteur C-MOS (moins coûteux) on retrouve devinez quoi : le capteur plein format 24x36 (full frame) ! Comme quoi... quand un truc marche bien il semble immuable. La plupart des marques de légende ont au moins cet avantage, celui de susciter l'émotion (même chez les requins de la finance), et c'est tant mieux car les marchés ne sont tendres avec personne et personne n'est à l'abri... Alors pourvu que cela dure encore longtemps.
  23. Salut à tous... Excellente question. Sur les Pré-CBS on a un tunnel percé au foret, et la mise à la masse du chevalet est percée en attaque directe (à la Ushuaïa), et plus tard avec un amorce fraisée (oblongue) inclinée au niveau des deux dernières vis de fixation du cordier (vers 68/69... les toutes premières CBS et au moins jusqu'en 71 voire 72). La rainure "droite" apparaît grosso-modo vers 73, et jusque vers 1975/76... (http://www.bass-guitar-museum.com/bass-5281-fender-p-bass-precision-body-1975-1976) Et puis ensuite elle sera rempacée par un arc de cercle comme sur celle de Piedo. Parallèlement l'amorce de perçage de la mise à la masse du chevalet est devenue un gros trou de diamètre 24mm. (Sans doute lors du passage à l'usinage en CNC). Il est pas évident de donner des dates très précises à cause des rotations de stocks variables d'un modèle à l'autre et d'une époque à l'autre. Et puis on parle bien de "détail" d'usinage, donc de données internes aux process de fabrication, ceux-ci ne sont pas répertoriés en tant que modification des spécifications (le fameux : "may change without prior notice...") Anecdote : En 1967, le modèle Startocaster avait été voté en "obsolescence" par le bureau (des énarques de la CBS), sauf qu'à cette époque-là un gaucher avec son turban a enregistré Hey Joe... Ne cherchez pas une Strat '67 d'occase, sauf si vous avez gagné au Loto. Il y en a eu peu et on les authentifie par les fait qu'elles on été assemblées avec des fonds de tiroirs... Plus de pièces, tout avait été balancé ! La production n'a repris qu'en 68 avec un carnet de commandes blindé à plus d'un an, ce qui explique la grande irrégularité des millésimes 68/69. Bonne pioche ! Les repères de tranche sont en "plein bois" pile dans l'érable, le cauchemar à reboucher. Jusqu'ici le manche parait superbe, et il promet de l'être (je me suis fait un petit test en loucedé, hé, hé,...), mais pour se donner une idée, le travail de rebouchage des 9 trous de dots va prendre quasiment autant de temps que le chapitre traçage, sciage, plannif, frettage...
  24. Et voilà, on finit toujours par gagner au grattage... Je confirme, elle était bien en polyester (Olympic White) et recouverte en cellulo (toujours Olympic White). Mais ça a été fait très proprement, jusque dans les défonces... Quand je dis qu'il y a plein de luthiers qui font du bon boulot !
  25. Hé bé, ça au moins c'est de l'accueil ! Difficile de répondre à tout le monde en particulier, mais juste quelques thèmes au hasard... Foulala... l'Africa était ma réponse à l'Alembic que je n'ai jamais pu m'offrir quand j'étais gamin. Je sais, c'est moche d'avoir des goûts de luxe quand on n'a pas de tunes... mais du coup c'est en partie grâce (ou à cause) d'elle que je suis devenu luthier. Perrebiguet... Cette fameuse Stage MM, mais quelle histoire ! Au départ un cahier des charges peut-être mal compris, malgré tout une bonne basse mais prise en grippe par son premier possesseur, et puis le hasard d'une revente qui la met entre les mains de celui à qui en fin de compte elle était peut-être destinée, et qui en plus lui fait peau neuve... Histoire de dingue ou conte de fées, en tout cas elle restera à jamais pour moi la preuve que la lutherie est tout sauf une science exacte et qu'on ne peut jamais prétendre "savoir" ! Comme je réponds souvent à ceux qui me demandent comment on fait pour "fabriquer" un son... "Je fais tout ce que je pense être la bonne solution, et si ça marche comme je voulais, je dis au client que je l'ai fait exprès." Bon j'arrête là avant de passer pour un guignol, je m'attire déjà assez souvent les foudres de la profession sans ça (oui mais n'empêche que c'est un peu vrai quand même...) Ciao et merci à tous !
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