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Huort Ch.

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Everything posted by Huort Ch.

  1. Bonsoir à toutes et à tous ! Cela fait quelques semaines que je suis inscrit et j'ai visiblement zappé une petite formalité. Mon premier post débutait pourtant par... "Cela fait longtemps que je suis "invité " par plusieurs membres de ce forum à venir participer... J'ai souvent décliné d'abord par principe, je suis très attaché aux espaces de libre expression, mais aussi par manque de temps. outre les nombreuses heures passées à l'atelier, il faut compter avec toutes sortes de sollicitations comme l'enseignement, la formation, et autres suivis de recherche d'étudiants français ou étrangers. Cela dit, j'avais un jour confié à un (vieux) client, que si je devais un jour intervenir sur un forum, ce serait sans doute sur OnlyBass, donc au final ce n'est que parole tenue..." Alors voilà la présentation était un peu faite, mais pas vraiment au bon endroit... Mea culpa ! Qui suis-je ? Juste un passionné, comme beaucoup d'entre vous, qui a découvert la guitare il y a maintenant 4 décennies et qui a fait le choix il y a un petit quart de siècle de faire de sa passion un métier. Aujourd'hui je conçois et fabrique mes instruments, certes, mais je reste attentif à la restauration des instruments vintages. Par dessus tout j'ai toujours gardé ma soif d'apprendre, mais aussi celle d'enseigner... Pour tout le reste j'espère que l'on aura plein d'occasions d'en causer... A bientôt ! CH
  2. Bonjour à tous, Alors nous y voilà pour le petit bilan après recherches... En fonction de son numéro de série, S-8... intégré dans le logo de tête et en rappel sur le petit sticker (sous le pickguard), l’instrument est de 1978. D’autre part, les dégagements de fraisage dans les coins de la mortaise du manche, le gros trou d’amorce de passage de la mise à la masse du chevalet (sous le chevalet) ainsi que la tranchée de communication en "arc de cercle" entre la défonce micro et la cavité électronique sont caractéristiques des 77/78 (tunnel percé sur les séries pré-CBS et ensuite petite amorce oblongue et tranchée droite en phase intermédiaire avant généralisation des premières CNC). Par contre la présence d’une finition en vernis cellulo sur le corps est quelque peu surprenante, car à cette époque nous aurions déjà dû y trouver un polyester. Cela dit, on ne peut être formel sur ce point car certaines couleurs ou certaines séries, comme les Strat "25th Anniversary" (1954-1979, mais en fait produites dès 1978) étaient toujours vernies en nitrocellulosique. (Petite remarque, elles étaient les dernières à être équipées du sélecteur 3 positions... comme quoi le switch 5 positions n’est pas si vieux que ça). Mais revenons à nos moutons !... Sur des marques produites à l’échelle industrielle, lors des changements de spécifications d’un modèle, il faut toujours compter non seulement avec les stocks existants, mais dans le cas particulier des couleurs aussi avec les particularités des nuanciers. Ainsi, un changement de "process" de vernis s’accompagne parfois d’un changement de fournisseur et donc de nuancier. Rien n’indique que le nouveau catalogue de couleurs proposées soit identique, notamment sur les effets métallisés ou les translucides (ex. sunburst). Mais il y a aussi le problème des logos (décalcomanies, ou waterslides) qui ne supportaient pas d’être recouverts par les résines polyester (surtout les catalyseurs), ce qui explique le nombre d’instruments dont l’arrière du manche est en polyester et l’avant de la tête en nitrocellulose, souvent plus orangé voire faïencé (ce qui est le cas de cette basse). Si l’on croise toutes ces contraintes et tous ces impératifs, il est assez difficile d’être vraiment formel sur les dates de changements de vernis, à quelques mois près comme on le voit parfois dans certains ouvrages dédiés. Par exemple, j’ai déjà vu une Jazz Bass de fin 1973, en 4 vis, micros chevalet en position pré-60, avec le corps en cellulo alors qu’à cette époque on est déjà en plein polyester sur ce modèle. Et elle était certifiée d’origine car le propriétaire l’avait achetée neuve ! La raison en est simple : elle avait la tête assortie. Il aurait donc été inenvisageable d’avoir un blanc laqué polyester sur le corps et un blanc nitro sur la tête ! Rien que 2 ou 3 ans après on aurait déjà eu un bel effet "patchwork" avec deux vieillissements complètement différents : marron-orangé pour la tête et verdâtre pour le corps ! (hummmm... !) Voilà, tout ça pour dire qu’à priori elle a pu être revernie, certes fait dans les règles de l’art (même les trous du faux-manche de maintient auraient été réutilisés), car la forme de l’ombrage du blanc dans la mortaise du manche ne devrait pas être ainsi, sans compter la présence d’un polyester à l’arrière du manche. Peu importe, de toute façon cette basse a dû en voir des biens plus sévères, et dans le doute on la refait en cellulo ! Je transmettrai les images de la resto directement à Piedo de manière à le laisser gérer sa galerie à sa guise... A+ PS : un lien intéressant à consulter à propos des finitions http://www.fenderfrance.com/resources/Vernis_Fender_light.pdf
  3. Bonjour à tous, Cela fait longtemps que je suis "invité" par plusieurs membres de ce forum à venir participer... J’ai souvent décliné cette d’invitation d’abord par principe, je m’attache à respecter les espaces de libre expression, mais aussi par manque de temps. Outre les nombreuses heures passées à l’atelier, il faut compter toutes sortes de sollicitations comme l’enseignement, la formation, et autres suivis de recherches d’étudiants français ou étrangers. Cela dit, j’avais un jour confié à un (vieux) client, que si je devais intervenir un jour sur un forum, ce serait sans doute sur OnlyBass, donc au final alors ce n’est que parole tenue... Les exemples donnés par 3prod font légion, mais je pense que ces deux-là sont assez parlants pour susciter quelques interrogations. Effectivement, que leur auriez-vous conseillé ? Il est quand même intéressant de noter que deux références sonores parmi les plus emblématiques du XXème siècle ont été établies sur des instruments qui n’existaient pas, ou je dirais plutôt qui existaient "presque". Il me semble que la première Fender fretless produite en série fut une Precision (1972), et qu’il n’a même jamais été envisagé de Jazz Bass... ni fretless avant Jaco, ni active avant Marcus. On pourrait aussi s’étendre sur la StingRay de Pino Palladino (Plusieurs changements de touche, pas toujours liés à l’usure), ou la Strat de Van Halen... etc. C’est ainsi, les grandes marques imaginent et conçoivent des objets très "aboutis" arrivant à satisfaire 99% des besoins du commun des mortels, mais parfois un terrien d’entre nous fait exception à la règle et nous ouvre une nouvelle voie, de nouveaux horizons. Peu importe le nombre ou la qualité des exemples, je souhaiterais plutôt attirer (détourner) la discussion sur la position parfois délicate du luthier face à ce type de demande... Un certain jfdenise m’a contacté pour modifier sa StingRay. Soucieux de recueillir d’autres avis, il s’en est remis à vos conseils. Il a bien fait et je ne suis pas là juste pour contredire tel ou tel post mais souhaiterais seulement, d’une part redéfinir quelques notions et d’autre part apporter quelques éléments de sensibilisation à un phénomène qui nous pose parfois des cas de conscience à nous professionnels. Mon site consacre une rubrique d’images/tutoriels à des restaurations parfois spectaculaires, souvent dues à des dégâts commis à une époque où le vintage n’était pas ce qu’il est aujourd’hui, et où ces instruments ayant à l’époque 30 ans de moins, n’étaient justement pas "vintage". On pourrait traiter tout un sujet dédié à cette période chevaleresque tant il y aurait à en dire... (J’ouvre une parenthèse et ensuite je reviens au cas de jfdenise). Il y a 6 ans un client m’a demandé de poser un vibrato sur sa vielle Strat "Hard Tail". Conscient de la (grosse) cote de cette gratte, je lui ai conseillé (comme la plupart d’entre vous) de ne surtout rien toucher et de se trouver une autre gratte à vibrato. Sauf qu’il tenait cette Strat de son défunt père et qu’il ne comptait pas la vendre. Au final, j’ai refusé et il a quitté l’atelier. J’ai revu cette gratte l’an dernier... A force de se casser le nez sur des luthiers qui comme moi ont tous décliné, il a fini par se trouver un bon copain "luthier amateur", qui a posé un vibrato... à la pioche ! (Ce mec était effectivement bien plus amateur que luthier). Parfois je me dis que si j’avais accepté, au moins le boulot aurait été fait correctement et sa Strat ressemblerait encore à une Strat ! Ma question est aujourd’hui : Ai-je ma conscience pour moi en n’étant pas celui qui a commis le carnage, ou dois-je me donner une part de responsabilité en ayant refusé mon expérience avérée pour ce type d’opération délicate ? Je suis luthier, mon boulot est en en premier lieu d’informer le client sur ce qui sera réversible, et ce qui sera irréversible. Ensuite qu’une basse n’est pas un "lego", par exemple si splitter un micro de MM donne un son de simple exploitable (désolé mais je l’ai fait plusieurs fois), il ne donne en aucun cas un son de Jazz Bazz, qu’une Stingray ne sera jamais tout-à-fait une PB ; mais tout ça à été clairement précisé à l’intéressé. En dernier lieu, le seul qui prend la décision c’est le "propriétaire" de l’objet, je ne décide jamais, je peux que décliner ou accepter. Si j’accepte ma seule obligation est de mettre en jeu des moyens suffisants (en matériel et en expérience). Voilà pour l’aspect disons "légal" des choses. Mais je crois que la principale controverse ici est surtout le reflet du marché actuel. Un de mes clients, sociologue de profession, me disait : "La guitare est plus qu’un phénomène de société, elle devenue tantôt un placement spéculatif, tantôt un simple accessoire de tenue vestimentaire". Je ne peux hélas pas le contredire car cette évidence je la vis au quotidien. Combien de fois on m’a demandé de ravager le sunburst d’un corps de Jazz Bass pour qu’elle ressemble à celle de Jaco... comme s’il n’y avait déjà pas assez de sosies d’Elvis dans les casinos de Las Vegas, ou de Cloclo dans les foires au saucisson de la supérette du coin ! Mais force est d’admettre que si dans les années 60 les marques se mettaient à genoux pour qu’une tête d’affiche joue sur leur dernier modèle, aujourd’hui c’est le contraire : il existe un code dans les milieux professionnels qui désigne comme un must d’avoir son modèle signature dans une "major". Enfin, pour ce qui est le côté spéculatif, c’est un réflexe tout-à-fait habituel en période de crise. Cependant je modulerai le constat du "sociologue" par le fait qu’il oublie au passage tout une catégorie de gens qui ont un instrument... pour faire de la musique ! Il y en a comme jfdenise, et plein d’autres, qui ne branchent pas un jack dans une "potentielle valeur de revente", mais simplement dans leur "outil de travail". Parfois cet outil satisfait presque la totalité de leurs besoins, alors ils m’appellent pour aborder le problème de ce... "presque". Pour finir, juste quelques correctifs à quelques posts ça-et-là... - Faux ! Cette modif m’a été demandée souvent (9 fois rien que pour la France), mais plus par des session-men ou autres pros qui n’ont peut-être pas toujours le temps venir échanger sur les forums. Pourquoi ça n’existe pas ? Ben j’imagine mal Music Man passer un coup de fil à Fender pour savoir s’ils peuvent leur vendre une caisse de micros PB... ou le contraire pour coller un MM en bridge sur une PB. Comme dit un confrère : amis... mais néanmoins concurrents ! - Faux ! Le micro Stingray ne manque pas de niveau, c’est plutôt le contraire, le micro PB qui semble être plébiscité pour fonctionner avec les deux versions (pré et post EB) est majoritairement le Duncan SPB3 (ou ses équivalents en niveau de sortie). - Faux ! Les préamps de la série SR ne boostent pas. Il n’y a que sur les Sterling et Stingray-5 ou HH, HS... que les écarts de niveau entre série/parallèle/single sont "compensés" autour du niveau de référence du humbucker parallèle, et ce pour obtenir un niveau de sortie constant. - Vrai ! Le micro MM présente une faible impédance. Il faut donc être très soigneux sur le mélange, mais la SR est active ce qui simplifie grandement la tache. - Vrai (presque) ! Ça ne sonne pas exactement comme une Fender PB, évidemment. Pour être rigoureux une pré-EB (Palladino) va se rapprocher d’une PB manche érable/corps aulne, une post-EB va tendre vers une PB maple/corps frêne. Le reste se fait en studio et la combinaison des deux est assez surprenante... - Vrai ! Pas mal de modèles Music Man commencent à abandonner l’érable moucheté. C’est bien dommage, mais à leur décharge il faut savoir que les prix des matières premières explosent littéralement et que le bois ne fait pas exception à la règle. Cela dit, il n’est pas plus évident que ce sont les plus beaux bois qui sonnent le mieux, que ce seraient les plus belles femmes qui feraient les meilleures épouses ! Autres anecdotes pour le fun : - Jaco, outre un son fretless hors imaginaire, a aussi été le premier à adopter les HP Hartke à cône aluminium dès 84, et à suggérer à RotoSound de créer des cordes "gainées" pour les protéger de sa sueur abondante (la série Nexus). Testeur infatigable, il s’est aussi assemblé une Jazz Bass "maple-neck" avec un manche de Precision ! On le voit finir l’ajustement du sillet de tête au denier moment en prélude à l’enregistrement du célèbre DVD "Modern Electric Bass" (image du logo "Fender Precision Bass" visible furtivement pendant le générique). Je ne sais pas si c’est un sacrilège, mais en tout cas il sonne grave ! - Dans un article de présentation de la Stingray (paru vers 76 dans la presse spécialisée), le journaliste se demandait si Leo Fender n’était pas tombé sur la tête en ajoutant un préamp et une grosse pile dans une basse, et si Music Man n’avait pas tout simplement signé son arrêt de mort... (Je crois qu'il s'est planté ?) Un clin d’œil à Expert... (à propos des tableaux de bord). Je ne fais pas ce que "j’aime" mais plutôt ce que le client me demande, et parfois il me demande ça http://www.huort-ch.com/pictures/miscellaneous/i1105073_wide.jpg Et c’est absolument sans rancune car j’ai toujours largement insisté sur le fait que si une basse ne sonne pas en passif, ça ne sert absolument à rien de lui coller même le meilleur des préamps !
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