Sven Posted December 16, 2009 at 12:25 PM Posted December 16, 2009 at 12:25 PM (edited) Bon un simple comme ça vite fait, parce que faut relancer mais je vais pas rester des heures devant l'écran: Il rampait à plat ventre, galopait à quatre pattes, prenait son panier aux dents, se tordait, glissait, ondulait, serpentait d'un mort à l'autre, et vidait la giberne ou a cartouchière comme un singe ouvre une voix. De la barricade, dont il était encore assez près, on n'osait lui crier de revenir, de peur d'appeler l'attention sur lui. Sur un cadavre, qui était un caporal, il trouva une poire à poudre. - Pour la soif, dit-il, en la mettant dans sa poche. À force d'aller en avant, il parvint au point où le brouillard de la fusillade devenait transparent. (...) Au moment où G. débarrassait de ses cartouches un sergent gisant près d'une borne, une balle frappa le cadavre. - Fichtre! dit G. Voilà qu'on me tue mes morts. Une deuxième balle fit étinceler le pavé à côté de lui. Une troisième renversa son panier. G. regarda et vit que cela venait de la banlieue. Il se dressa tout droit, debout, les cheveux au vent, les mains sur les hanches, l'oeil fixé sur les gardes nationaux qui tiraient, et il chanta: On est laid à Nanterre, C'est la faute à Voltaire, Et bête à Palaiseau, C'est la faute à Rousseau. Puis il ramassa son panier, y remit, sans en perdre une seule, les cartouches qui en étaient tombées et, avançant vers la fusillade, alla dépouiller une autre giberne. Là une quatrième balle le manqua encore. G. chanta: Je ne suis pas notaire, C'est la faute à Voltaire, Je suis un oiseau, C'est la faute à Rousseau. Une cinquième balle ne réussit qu'à tirer de lui un troisième couplet: Joie est mon caractère, C'est la faute à Voltaire, Misère est mon trousseau, C'est la faute à Rousseau. Cela continua ainsi quelque temps. Le spectacle était épouvantable et charmant. G., fusillé, taquinait la fusillade. Il avait l'air de s'amuser beaucoup. C'était le moineau becquetant les chasseurs. Il répondait à chaque décharge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait toujours. Les gardes nationaux et les soldats riaient en l'ajustant. (...) Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître que les autres, finit par atteindre l'enfant feu follet. On vit G. chanceler, puis il s'affaissa. Toute la barricade poussa un cri; assis sur son séant, un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses deux bras en l'air, regarda du côté d'où était venu le coup, et se mit à chanter: Je suis tombé par terre, C'est la faute à Voltaire, Le nez dans le ruisseau, C'est la faute à ... Il n'acheva point. Une seconde balle du même tireur l'arrêta court. Cette fois il s'abattit la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s'envoler. Magnifique, n'est-il pas ? Edited December 16, 2009 at 12:26 PM by Sven Quote
totorbass Posted December 16, 2009 at 12:37 PM Posted December 16, 2009 at 12:37 PM Les Misérables. Quote
Sven Posted December 16, 2009 at 12:55 PM Posted December 16, 2009 at 12:55 PM Ouep, du père Victor. j'avais dit facile hein A toi ! Quote
totorbass Posted December 16, 2009 at 01:45 PM Posted December 16, 2009 at 01:45 PM ils étaient tous assis en face de moi à dodeliner de la tête Quote
Guest big' Posted December 16, 2009 at 01:58 PM Posted December 16, 2009 at 01:58 PM Sauf à avoir une très bonne mémoire, difficile de trouver sur un si court extrait (en tout cas pour moi), même si c'est un bouquin que j'ai lu. Quote
totorbass Posted December 16, 2009 at 02:20 PM Posted December 16, 2009 at 02:20 PM C’est un frôlement qui m’a réveillé. D’avoir fermé les yeux, la pièce m’a paru encore plus éclatante de blancheur. Devant moi, il n’y avait pas une ombre et chaque objet, chaque angle, toutes les courbes se dessinaient avec une pureté blessante pour les yeux. C’est à ce moment que les amies de maman sont entrés. Ils étaient tout une dizaine, et ils glissaient en silence dans cette lumière aveuglante. Il se sont assis sans qu’aucune chaise grinçât. Je les voyais comme je n’ai jamais vu personne et pas un détail de leurs visages ou de leurs habits ne m’échappait. Pourtant je ne les entendais pas et j’avais peine à croire à leur réalité. Presque toutes les femmes portaient un tablier et le cordon qui les serrait à la taille faisait encore ressortir leur ventre bombé. Je n’avais jamais remarqué à quel point les vielles femmes pouvaient avoir du ventre. Les hommes étaient presque tous très maigres et tenaient des cannes. Ce qui me frappait dans leurs visages, c’est que je ne voyais pas leurs yeux, mais seulement une lueur sans éclat au milieu d’un nid de rides. Lorsqu’ils se sont assis, la plupart m’ont regardé et ont hoché la tête avec gêne, les lèvres toutes mangées par leur bouche sans dents, sans que je puisse savoir s’ils me saluaient ou s’il agissait d’un tic. Je crois plutôt qu’ils me saluaient. C’est à ce moment que je me suis aperçu qu’ils étaient tous assis en face de moi à dodeliner la tête, autour du concierge. J’ai eu un moment l’impression ridicule qu’ils étaient là pour me juger. Quote
totorbass Posted December 16, 2009 at 02:37 PM Posted December 16, 2009 at 02:37 PM P.S. J'en profite pour rétablir la vérité sur l'expression "sauf à", qui signifie: "sans exclure la possibilité de" (equiv: quitte à). Je ne fais pas le malin: l'ai appris assez récemment. Quote
ISABELLE Posted December 16, 2009 at 05:05 PM Posted December 16, 2009 at 05:05 PM Je crois que c'est au début de L'Etranger de Camus, un peu après le fameux "Aujourd'hui, Maman est morte". Quote
totorbass Posted December 16, 2009 at 06:06 PM Posted December 16, 2009 at 06:06 PM Vouaip, la veillée funèbre. A toi. Quote
ISABELLE Posted December 16, 2009 at 08:19 PM Posted December 16, 2009 at 08:19 PM Une facile aussi, enfin je crois : "Les affreux brouillards poisseux continuaient de monter des bas-fonds de son âme, tandis qu'autour de lui le peuple geignait dans les convulsions de l'orgasme et de l'orgie." Ca devrait suffire. Quote
bunny Posted December 17, 2009 at 08:45 PM Posted December 17, 2009 at 08:45 PM ca pue le parfum cette histoire B) Quote
L'anatole Posted December 22, 2009 at 09:12 PM Posted December 22, 2009 at 09:12 PM Isabelle a du rejoindre son Thierry de Janville. Et si on disait que bunny a trouvé la bonne réponse ? Le Parfum de Machin Süskind ! Bunny,on va dire que c'est à toi . Quote
bunny Posted December 22, 2009 at 10:01 PM Posted December 22, 2009 at 10:01 PM merci c'est gentil j'avais même plus fais attention à ce topic bon je vais préparer un extrait là Quote
ISABELLE Posted December 24, 2009 at 05:59 PM Posted December 24, 2009 at 05:59 PM Oups, pardon Bunny. Oui oui c'est Le Parfum bien sûr. Et Thierry de Janville est un con, même si je l'aimais bien quand j'étais petite. Quote
L'anatole Posted December 25, 2009 at 09:59 AM Posted December 25, 2009 at 09:59 AM J'ai pas dit Thierry de Janville,j'ai dit SON Thierry de Janville ! Y'a une grosse nuance Quote
bunny Posted December 25, 2009 at 05:35 PM Posted December 25, 2009 at 05:35 PM bon ca y est j'y vais de mon extrait ...enfin désolé mais noël et mes achats gasiens compulsifs ont un peu altéré ma contribution au forum bon j'ai enlevé la date au début de cet extrait sinon c'est trop facile, et même comme ca je pense pas que ca va durer L'année **** fut marquée par un événement bizarre, un phénomène inexpliqué et inexplicable que personne n'a sans doute oublié. Sans parler des rumeurs qui agitaient les populations des ports et surexcitaient l'esprit public à l'intérieur des continents les gens de mer furent particulièrement émus. Les négociants, armateurs, capitaines de navires, skippers et masters de l'Europe et de l'Amérique, officiers des marines militaires de tous pays, et, après eux, les gouvernements des divers États des deux continents, se préoccupèrent de ce fait au plus haut point. Quote
L'anatole Posted December 25, 2009 at 05:41 PM Posted December 25, 2009 at 05:41 PM Ah,ah ! Vingt milles lieues sous les mers ,j'en suis quasiment sûr ! Mais je me trompe peut-être,parceque l'indication de l'année ne me dit rien de spécial. Quote
ISABELLE Posted December 25, 2009 at 05:43 PM Posted December 25, 2009 at 05:43 PM Cher L'Anatole Libre à moi d'esquiver la nuance ! Et de causer plutôt ici de Thierry de Janville que de MON Thierry de Janville. On a de ces pudeurs des fois, j'te jure... Je me rappelle que même petite ça me faisait marrer le coup du sabot d'Isabelle ! Allez, un petit coup de générique : http://www.youtube.com/watch?v=SSDQSqe6T_E Quote
L'anatole Posted December 25, 2009 at 05:45 PM Posted December 25, 2009 at 05:45 PM Ma chère Isabelle , Loin de moi,l'idée de t'énerver ! En tout cas ,désolé si je t'ai blessé. Quote
ISABELLE Posted December 25, 2009 at 05:48 PM Posted December 25, 2009 at 05:48 PM Oh mais non ! Quote
bunny Posted December 25, 2009 at 07:53 PM Posted December 25, 2009 at 07:53 PM tu as bien raison cher anat' c'est bien 20 000 lieues sous les mers, et c'était bien l'année 1866 ce jules Verne était quand même un grand visionnaire, et bien renseigné sur les technologies de l'époque, je vois qu'on a les mêmes gouts littéraire ca va jaser le gars ca va jazzer si ca continue comme ca :lollarge: bon à toi Quote
ISABELLE Posted December 25, 2009 at 08:36 PM Posted December 25, 2009 at 08:36 PM (edited) Au fait Bunny, qui est la charmante Cruella de ton avatar ? Elle joue de la basse avec ses gants ? Edited December 25, 2009 at 08:37 PM by ISABELLE Quote
bunny Posted December 25, 2009 at 09:11 PM Posted December 25, 2009 at 09:11 PM c'est ma chérie sur la photo elle porte la basse juste pour la photo B) Quote
L'anatole Posted December 26, 2009 at 05:13 AM Posted December 26, 2009 at 05:13 AM Bunny , C'était à Mégara,faubourg de Carthage,dans les jardins d'Hamilcar... Quote
Guest big' Posted December 26, 2009 at 06:29 AM Posted December 26, 2009 at 06:29 AM C'est la première phrase de Salammbo de Flaubert. A qui veut prendre la main. Quote
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