Je vous la fais militaire, hein, on est pas là que pour rigoler
La Roadster bass est l'un des premiers modèles originaux d'Ibanez (avec l'Artist). Produite au Japon, elle apparait au catalogue en 1979, avec une tête de manche et des micros dont le design évoluera les années suivantes.
Celle-ci date de 1982.
Cette basse m'a toujours fait envie, pour son côté rustique allié au raffinement - pour l'époque - d'une électronique active. La qualité des productions d'Ibanez des décennies 1980-1990 est connue et se confirme ici une fois de plus.
J'ai acheté celle-ci à un prix intéressant, justifié par le fait que le précédent propriétaire avait poncé la finition d'origine. Le boulot n'est pas trop mal fait d'ailleurs, mais mérite un ponçage plus fin et une finition huilée.
Autre modification mineure, les capots des micros, ivoire à l'origine, on été changés pour des noirs.
Le premier truc auquel on pense avec ce genre de basse, c'est le poids. J'étais prêt à acheter une basse dont je ne pourrais jouer qu'assis
L'aspect est massif, la prise en main pas tant que ça. Le corps est en frène, le manche trois parties en érable, ainsi que la touche. Fixation par 4 vis et plaque, comme les Fender.
Le profil du manche est de type Precision: 40mm au sillet, 55mm à la douzième frette, profil en D aplati. Très agréable, confortable, excellent pour tout dire. Le trussrod a réagi avec beaucoup de douceur quand j'ai redonné un peu de tension.
L'accès aux aigus est parfait, on peut aller taquiner la 24e frette sans contorsions.
Le chevalet est massif lui aussi. Les vis de pontets tournent en douceur, même pas besoin de clé, et une fois réglé, ça ne bouge pas.
Côté tête, les mécaniques sont douces et précises, l'accord est très facile à obtenir. Elles enfoncent aisément celles de ma PB Squier Japon et celles de la G&L SB-2.
La config' micros est des plus classiques: un micro Precision splitté et un micro Jazz (modèles Super P-4 et Super J-4, ça ne s'invente pas et le nom donne déjà une petite idée du son
L'électronique est complète et facile à piloter: un switch micros, un volume général et une tonalité générale qui fonctionnent quel que soit le mode, actif ou passif. Le deuxième switch active le préampli à deux bandes, piloté par les deux potars noirs. Ces deux potentiomètres ont un cran central bien marqué, très pratique, et une action très sensible.
A noter que la basse peut fonctionner en mode passif même sans pile.
Quand on branche... c'est pas si roots que ça en a l'air.
En passif, la position intermédiaire (PB + Jazz) s'impose rapidement. La balance entre le gras du super P-4
Quand on enclenche le mode actif, on constate d'abord que le préamp est relativement neutre; potars sur le cran central, le son reste à peu près le même. Dès qu'on taquine un peu l'EQ deux bandes, la palette s'ouvre comme un éventail. En jouant en plus du sélecteur micros, on accède à un panel très complet.
Le grain général reste assez "rentre-dedans", un peu dans l'esprit des G&L. J'y retrouve aussi le caractère sonore de l'Ibanez ATK 300, avec une polyvalence bien supérieure.
On peut jouer rock, blues, reggae, funk, metal, Flea sans aucun doute. Pour le jazz, doit avoir moyen de trouver basse plus adaptée. Quoique; elle fait assez bien le Jaco, quand même...
L'Ibanez Roadster s'avère être une basse très bien conçue en termes de qualité et d'ergonomie. La mienne va sur ses trente ans et n'a pas bronché.
Sans être rare, elle n'est pas si courante sur le marché de l'occasion, ce qui rend délicate tout velléité d'établir une cote réaliste. Je la rapporterais cependant volontiers à celle de l'Atk 300 Japon, avec une qualité équivalente, un look un peu moins original, et davantage de polyvalence.