Après les tests de la Super Synth et de la Future Impact, je m'attaque (enfin !) à la C4 !
Je suis entré dans le monde de la pédale synthé avec la Super Synth, qui est toujours chouette, mais commence à faire figure d'ancêtre, même si...elle garde certains avantages qui la font rester sur le pedalboard, je vous en dis plus plus loin ;).
La C4 est beaucoup plus proche de la Future Impact, on y retrouve notamment les 4 lignes dédiées aux générateurs de sons (oscillos, son de l'instru ou octavers), la disto, les LFOs, etc. Je ne vous fais pas ici le comparatif entre les deux, mais je vais distiller quelques points de comparaisons au fur et à mesure.
La Future Impact possède déjà une centaine de presets, et c'était beaucoup. La C4, c'est 128. Donc, c'est énoooorme !
Le défaut, c'est qu'ils ne sont pas pratique à bouger, donc pour créer des regroupements par genre de sons, ben c'est un peu galère... Pour gérer/créer ses sons, l'éditeur est fourni, et bien que chargé, on finit par rentrer dedans. Il m'a fallu quelques heures de vol dessus pour bien tout comprendre, et encore, il y a des détails que j'évite toujours un peu ! Ceci dit, je suis récemment retourné modifier quelques sons sur la Future Impact, et l'éditeur est bien costaud aussi en fait, j'avais oublié !
Le gros avantage de la bête, c'est le logiciel/application et la communauté qui va avec. PandaMidi a essayé de rattraper le coup pour la Future Impact, je viens de faire la MàJ en V3, et les changements visent entre autre chose à se rapprocher de certaines fonctions de la C4, y compris dans l'idée de la création d'un site de partage, mais c'est clairement pas à la hauteur de Source Audio qui profite du fait qu'ils sont une plus grosse boîte avec une belle vitrine, bien plus d'utilisateurs, des démonstrateurs bien badass, etc.
Les utilisateurs sont pléthorique sur le cloud de Source Audio, et rien qu'en explorant les sons postés, il y a de quoi laaargement trouver son bonheur ! C'est un super atout pour la pédale, et même pour toutes les pédales Source Audio en fait. Je possède aussi l'After Shock (et pour le coup, je galère vraiment avec l'éditeur !), et savoir qu'on peut trouver un son fait par quelqu'un sans avoir besoin de trop se prendre la tête à bidouiller l'éditeur, je pense que ça peut en soulager plus d'un.
La plupart de mes presets sont d'ailleurs construit comme suis : je tombe sur un son qui me plaît en farfouillant la banque de données en ligne, et je l'adapte/transforme/modifie/cuisine à ma sauce. Je n'ai pas l'impression qu'on puisse exporter/importer une banque entière de sons comme pour la Future Impact, mais je vais regarder ça de plus près...
Passons au son. Je fais un classement par catégories, comme ça, chacun peut écouter ce qui l'intéresse. Je vous propose des presets choisis dans ma collection personnelle du moment, 128 presets ça ferait trop si je devais tout vous présenter (surtout qu'après avoir fait cette review, j'ai créée encore quelques sons, et donc dépassé les 128 presets...faut que je refasse du tri!).
Tout est fait avec le chaînage suivant : Basse → pedalboard → Carte son.
Il y a aussi une boîte à rythme, histoire de faire vivre un peu les extraits.
Quand je ne précise pas, le son qu'on entend n'est que celui de la C4. En cas de pédales ajoutées, je donne le détails à chaque fois :). Il peut y avoir aussi de la reverb pour donner un peu d'ampleur au son. Et parfois des clins d’œils dans les soundclips ;).
I. Les Basses :
Sans surprise, c'est ce que j'ai le plus en banque, des sons de basses. Je vous les présente en plusieurs sous-catégories : Bass (preset à tout faire, valable en toute circonstance), Short Bass (preset dont le son s'efface très vite, parfait pour les attaques sèches), Slow Bass (l'inverse du précédent), No Synth Bass (preset basé principalement sur les effets de filtres d'enveloppes et parfois de distos).
A. Bass
1) Un preset qui mélange déjà son clean et deux oscillos en dents de scie.
2) Un preset trèèès aggressif, notamment grâce aux paramètres FM de la pédale (qui permettent de faire des sons...bien barrés). J'ai laissé volontairement le son traîner à la fin pour rendre compte de la tenue des notes.
3) Un octaver, une onde en dent de scie, le tout avec une overdrive, on est dans l'efficacité.
4) Preset un peu serré avec des fins de notes qui partent un sifflets débilos.
5) Preset basique en terme d'oscillo (juste un en dent de scie), mais amusant niveau filtre, il y en a deux, un up, un down. Un peu dans l'esprit de l'Aguilar Filter Twin. Je réutilise le procédé plus loin.
6) Un preset qui joue sur le LFO, avec des filtres presque vocaux. « Aiyéaiyéaiyeaa »
7) Il a l'air normal. Mais en fait non, ce sont des sinus, et je trouve qu'il a un petit côté contrebasse...
B. Short Bass
1) Une basse très courte et sèche, ça serait certainement plus facile à jouer sur un clavier...
2) Plus simple à amadouer, un preset en partie FM dont le son s'efface rapidement.
3) Je n'avais pas encore mis d'effet, mais ce preset, encore une fois à base FM appelle vraiment la reverb.
C. Slow Bass
1) Les LFOs permettent assez facilement de faire vivre un son plutôt basique. J'étais tenté de le charger en effet (flanger, phaser), mais on entend mieux la C4 avec moins de maquillage, donc il n'y a qu'une bonne dose de reverb.
2) Encore un son assez basique, mais qui doit tout son caractère à l'attaque longue, ce preset permet de beaux étalages de crème.
3) Un preset du même genre, prévu pour imiter des cuivres. Il a une petite subtilité dans la fin du son, les enveloppes d'attaques permettant de décaler l'arrivée des voix. Au passage, on peut entendre que les oscillos réagissent très bien au vibrato (je vibre manuellement ici, pas d'effet!)
4) Je reste dans les cuivres, mais ici, je mélange trois presets identiques en tout point, sauf leurs tessitures, trois voix, trois octaves. Une belle section de cuivres synthétiques !
5) Encore une fois, tout réside dans le LFO qui vient piloter les filtres, j'ai rajouté un peu de delay cette fois, ça se marie bien.
6) Même astuce, mais pour une utilisation plus rythmique que d'ambiance, un genre de wobble, le LFO pouvant être calé sur le tempo et ses subdivisions. C'est ultra pratique !
7) Les LFOs couplés à la fonction detune permettent de simuler des effets, ici de pulsation que j'aurais probablement tenté de faire avec un chorus et un flanger.
8 ) Le preset ici a une enveloppe très lente sur le filtre, pour de jolis effets de genre. J'ai ajouté delays et reverb, j'aime ce côté spatial...
9) En jouant sur les filtres et les LFOs on peut faire sonner plusieurs voix en n'en jouant qu'une.
D. No Synth Bass
1) A partir d'ici, que des presets sans oscillos, uniquement du son dry, avec différents filtres. Ici, un unique filtre « 4 Pole Low Bass » avec une légère overdrive.
2) Un seul filtre « 2 Pole Low Bass ». Et c'est tout.
3)A peu de choses près, le même preset que l'exemple 19, mais l'overdrive est maintenant une grosse fuzz.
4) Autre filtre, autre distortion, on entre sur un terrain plus velu !
5) Son clean et deux filtres en simultané, le retour du concept Aguilar Filter Twin.
II. Les Nappes :
1) L'occasion d'utiliser la fonction harmonisation de la machine, ça peut bien souvent éviter d'avoir à faire plusieurs passes d'un seul son pour simuler un clavier.
2) Les attaques douces, les LFOs et les harmonisations font qu'on peut vraiment utiliser la C4 pour remplacer des nappes de clavier. J'ai rajouté flanger et reverb sur celui-ci.
3) Un preset où la mélodie est mise en avant, la basse arrive derrière. On a vraiment une impression de deux voix superposée, mais je ne joue en fait qu'une note à la fois. J'ai laissé la reverb.
4) Un preset plus classique, qui joue sur le potard « detune » pour simuler un effet chorus, et sur le LFO pour le mouvement. Toujours avec une belle reverb. Il y a un peu de parasites à l'enregistrement, je ne les ai pas à l'ampli...certainement une question de fréquences. (PS : j'ai eu le problème sur plusieurs presets après celui-ci, du coup j'ai changé ma ligne d'enregistrement en passant par la sortie ligne de mon ampli, ça a l'air de résoudre le problème. Si quelqu'un peut m'expliquer ce qui fait que :)...!)
III. Les Séquences
Atouts majeurs de la pédale, les deux séquenceurs internes. C'est ultra créatif comme outil ! C'est du séquenceur à pas (de 2 à 16), réglé sur le tempo, chaque pas pouvant se régler par demi-ton sur une échelle de 4 octaves. Le défaut de l'engin, c'est que la séquence ne prendra pas en compte la tonalité de ce qu'on joue, contrairement au bloc d'harmonie. Étrange que les deux outils ne soient pas reliés... et dommage d'ailleurs !
1) Pour éviter les soucis de tonalité, je me sers pas mal du séquenceur avec juste des octaves ou des quintes. Couplé ici au LFO, ça donne l'impression d'un filtrage un peu bizarre des fréquences.
2) Même idée, il n'y a que des octaves.
3) Il y a deux séquenceurs, et on peut les utiliser en même temps ! Le son a un petit côté jeu vidéo, mais l'idée d'avoir deux, voire trois sons en même temps, c'est quand même pas mal.
4) Quasiment le même preset. Le 2e séquenceur est un réglé peu différemment, et la distorsion est activée sur une des voix. Pour montrer que le moindre petit réglage qui bouge permet déjà de changer vraiment le son. C'est chouette, mais c'est aussi synonyme de prise de tête éternelle sur les réglages, interactions des paramètres obligent.
5) Un preset qui montre la limite des séquenceurs. Ici, les intervalles choisis sont mineurs, du coup, on doit tout jouer mineur. Autant pour l'ambiance que ça peut créer, c'est vraiment génial, autant pour imaginer des grilles harmoniques intéressantes, ça devient très vite limitant.
6) Une vraie fausse séquence ici. J'ai joué avec le LFO pour contrôler le filtre, ce qui donne l'illusion d'une séquence. L'intérêt, c'est que ce preset est polyphonique. Le point négatif du moteur de pitch polyphonique, c'est qu'il souffre d'une latence rédhibitoire pour jouer avec des attaques courtes. Ici je compense avec une enveloppe d'attaque lente pour ne pas entendre la latence.
7) Les deux séquenceurs ne sont pas obligatoirement fixés sur le même nombre de pas, il y a moyen de faire des polyrythmies sympas.
8 ) Les séquenceurs permettent aussi de reproduire aisément des thèmes pas forcément très « bass friendly ».
9) Les séquenceurs sont vraiment performant dans les ambiances, surtout que la synchronisation au tempo les rend vraiment chouettes à coupler avec les LFOs. J'ai renforcé avec delay et reverb.
10) C'est pas tout à fait le même son (j'avoue qu'on est pas loin), mais je les trouve vraiment cools tous les deux, j'ai pas su choisir :P !
11) Pour des effets ponctuels, les séquences peuvent aussi avoir leur place. J'imagine assez bien le truc en live si le groupe n'a pas de clavier ou d'ordi sur scène, la C4 peut faire la blague pour ce genre de...blague.
12) Pour les feignants, un LFO à onde carré pour contrôler le filtre, associé à un séquenceur programmé en ce sens, on peut faire des octaves discos sans se fatiguer.
IV. Les Bruits :
J'ai fait le tour de mes 128 presets pour faire ma sélection, et il s'avère que je n'ai que très peu de presets « Bruits ». En vérité, je n'en ai que deux, contrairement à la Future Impact avec laquelle j'en ai programmé quand même pas mal. Je pense que l'absence d'un générateur de bruit (blanc, rose, etc.) est en grande partie responsable, ça participe vraiment à bruiter les sons. Le pilotage des LFOs reste aussi très sage, on ne peut pas les faire valdinguer dans tous les sens (bien que j'ai remarqué en faisant la review, qu'en les poussant dans des réglages extrêmes, on peut tordre leurs utilisations jusqu'à s'en servir comme ring modulator). Du coup, ça limite un peu la création sonore, mais force aussi la pédale à rester très musicale dans son utilisation, ce qui n'est pas si bête finalement. Disons que ça force un peu à rester sur le sentier.
1) En forçant un peu les paramètres FM, on arrive à faire des bruits quand même, ici un bruit de diamant sur vinyl.
2) Et ici des bruits plus granuleux. Sans effet d'abord, puis avec delays et reverb.
Normalement, je devrais avoir une section « Leads », mais pire que pour les bruits, je n'ai aucun sons « Leads » dans mes presets. Alors qu'encore une fois, la Future Impact en est truffée ! Si j'analyse le pourquoi du comment, je pense que la couleur et le choix des formes d'ondes de la C4 m'ont vraiment poussés à chercher à faire des sons de basses. Même mes sons de nappes donnent beaucoup dans le grave. La Future Impact dispose de formes d'ondes Carré et Triangle beaucoup plus douces (j'ai d'ailleurs été surpris de la rugosité des oscillos « carrés » de la C4, et j'ai un peu de mal à les utiliser pour le moment. Je vais insister !), et à mon goût plus adaptées pour les sons leads. Mais maintenant que je fais ce constat, j'ai quand même envie d'essayer de créer un son lead convaincant sur la C4 !
[1/2h plus tard, j'ai forgé un son qui me va à peu près. Le lendemain j'en ai 2-3 de plus dont je me sers dans la rubrique suivante.]
V. Mixs :
Deux extraits où vous ne trouverez que des sons issus de la C4, pas d'autre instrument. Il y a parfois des delays et de la reverb (en général, ça s'entend plutôt ^_^).
VI. Conclusion :
Pourquoi une pédale de synthé supplémentaire ? Si je fais le calcul, j'ai 4 pédales de synthé (Future Impact, C4, Super Synth et Enzo), auxquelles je peux ajouter les pédales de pseudo synthé (B9, SuperEgo+, Hog2).
Déjà, j'aime le son d'un synthé basse, autant que le son d'une basse au naturel, mais selon le contexte, j'aime bien pouvoir passer de l'un à l'autre, et n'étant pas un super claviériste, si je peux rester sur mon instrument, ça m'arrange ! Mais pourquoi en cumuler autant, sachant qu'en plus, je joue principalement seul chez moi avec un looper ?
Simplement parce que chacune de ces pédales a sa propre signature sonore, ses propres outils et façon de fonctionner. C'est un peu comme les pédales de distos qu'on voit beaucoup se balader en famille sur les pedalboards ^_^ !
Pour faire une synthèse rapide, chacune a son petit truc en plus (et son petit truc en moins) :
La Super Synth est encore la seule à proposer le portamento (!), mais ne dispose que d'une forme d'onde. Je la trouve toujours super efficace (le tracking est parfait), mais limitée.
La Future Impact a des formes d'ondes assez douces et des fonctionnalités plus barrées, mais elle n'est pas simple à programmer du tout et le tracking est galère à gérer.
L'Enzo gère la polyphonie et a une fonction arpeggiator, mais seulement 2 formes d'ondes, et c'est l'enfer à programmer (j'ai pas encore osé tenter l'aventure en MIDI pour sauvegarder des presets dessus... je crois que c'est maintenant possible, mais que ça reste une tannée...). Ça reste pour moi une excellente pédale plug and play pour qui veut tenter des sons à l'arrache (contradictoire ? Peut-être...)
La C4 est la plus musicale et possède les séquenceurs. Et puis la communauté rattachée à Source Audio est démente de ressources ! Par contre, pas de synthèse polyphonique, pas de portamento, onde carré aggressive (jusqu'ici)...
Revenons à la C4 à proprement parlé.
4-5 ans après la Future Impact, on a affaire encore une fois à une usine à gaz sur laquelle j'ai déjà passé pas mal d'heures, et je pense bien continuer à m'amuser à créer des sons avec. L'éditeur est assez abordable, bien que très complet, et le mode d'emploi est salvateur (et je le redis, mais la communauté très active autour de la pédale aide vraiment).
Les possibilités sont assez larges, mais restent très cantonnées à des sons de basses/guitares (je n'en ai pas fait la démo ici, mais j'utilise quelques presets spécifiquement pour la guitare, soit pour les filtres, soit pour avoir des sons de basses que je peux jouer à la guitare, ça m'évite de changer d'instrument quand c'est juste pour enregistrer une idée vite-fait. Et dans ce cas, ça sonne souvent plus « basse » qu'en mettant juste un octaver sur la guitare.).
Les séquenceurs sortent vraiment du lot, c'est un super outil, dommage qu'ils ne puissent pas être programmés selon les gammes du bloc d'harmonisation.
On peut assigner des paramètres à deux des potards de la pédale. Je le fais sur certains presets au cas où, mais en vrai, je fais mes ajustements directement à l'ordi... ça reste évidemment pratique si on doit emporter la pédale en repet/concert, ça évite de se balader avec un ordinateur !
D'ailleurs, si je me sers autant de l'ordinateur, c'est avant tout parce que je m'en sers pour switcher de preset en preset, car seulement 6 sont directement accessibles sur la pédale. C'est vraiment dommage, parce que juste un petit bouton de plus pour gérer ça aurait été cool. La Future Impact le fait, et du coup je peux envisager de partir avec elle sans ordi et avoir quand même accès à tous mes presets.
Bon, et puis je pourrais continuer à m'étaler pendant des pages sur cette pédale ^_^, ça fait 9 mois que je joue avec, et c'est à la fois un super outil créatif et vraiment une grosse éclate. J'avais certainement dit la même chose de ses grandes sœurs, mais que voulez-vous, j'aime bidouiller des synthés :P !
Dernier point auquel je pense alors que je finis de relire tout ce bon gros pavé : c'était déjà le cas avec ses prédécessrices, mais j'ai remarqué récemment, alors que je joue beaucoup sur mes pédales de synthés, qu'elles demandent une propreté du jeu assez rigoureuse. Je joue principalement aux doigts, et si les attaques ne sont pas franches, ou bien si les notes bavent un peu, le synthé va avoir tendance à décrocher (c'est surtout vrai avec la Future Impact, la C4 est plus tolérante, mais les filtres et les enveloppes restent délicats). D'où l'importance de bien gérer sa main droite avec ce genre de pédale, mais aussi de bien savoir régler les paramètres qui vont aider à gérer ça (volume d'entrée, sensibilités des filtres, gates, etc.)