Vigier Passion IV

[Jan]

Dans la série "review avec un retard intergalactique voir intersidéral", voici une Vigier Passion III que j'ai eu 3 semaines dans les mains, le temps de me faire une réelle idée de l'instrument ( Merci Patrice Vigier ), ce qui n'est pas toujours possible en boutique ou lors d'une review rapide.



1 - Caractéristiques

Marque: Vigier

Modèle: Passion IV

nombre de cordes: 4

micros (nombre et type) : 2 Viger simple bobinage, deux bobines en ligne

électronique ( type, alimentation, et contrôles) : Electronique active Viger en 18v ( Volume, Balance, Grave, Médium, Aigu )

Dimensions: largeur sillet : 40mm. Espacement des cordes au sillet : 31,5mm.

Finition : verni brillant séché pendant au minimum 5 semaines

Poids : 3.8 Kg

Bois touche: Phenowood avec un rayon de 300 mm, avec deux renforts en carbone au niveau du manche.

Sillet : Sillet Téflon/Graphite + frette zéro renforcée

Bois corps:  Erable ondé / aulne / érable ondé ( Erable séché pendant au moins 3 ans  )

Manche traversant oui/non : non

Diapason : 860 mm

Action : Hauteur à la 12ème case, corde aigu (mm) : 1,8. Hauteur à la 12ème case, corde grave(mm) :  2,3

Accès aux aigus : bon

épaisseur du manche : Assez fin avec un radius rond. 19,5mm au silet, 23 mm a la 12 éme case.

Jeu de cordes d'origine : 40-95


2 - Confort de jeu

Avec un poids de 3.8 Kg, on est proche du poids plume par rapport a d'autres basses. La prise en main est excellente, en particulier grâce a l'équilibre de la basse, pas besoin de sangle bien épaisse pour se ménager l'épaule.

L'accès aux aigu est bon, un chanfrein permet de faciliter celui-ci, et la découpe originale du manche suis celle de la touche, c'est assez esthétique en plus, même si niveau lutherie ça complique la chose. La surface de contact entre le manche et le corps fixé en 5 points est assez importante, pas de "cassure" au niveau des vibrations et du coup le sustain est garanti. De plus vu le niveau de la lutherie, je doute que l'on trouve une cale a cet endroit, c'est parfaitement assemblé.

C'est globalement une basse très confortable, la tension aux cordes est assez élevé, le manche très rigide, cela permet de pouvoir jouer sans "flottement" en s'approchant du chevalet. Le large chanfrein pour le bras droit permet d'avoir du confort sans fatiguer et de pouvoir changer rapidement de position sans se poser de question. Comme la touche n'est pas a raz de la table, mais surélevée, cela facilite grandement le slap et les techniques percussives.

Les contrôles niveau EQ, balance et volume sont assez proches des micros, mais ce n'est pas gênant, c'est juste plus pratique en fin de compte.

Bref niveau ergonomique, difficile d'avoir mieux. Je retrouve les mêmes sensations que sur la Vigier Excess, a savoir le manche autoroute qui donne l'impression de pouvoir jouer beaucoup plus rapidement, a cause de sa finesse, du verni rapide, et du dos du manche dont le radius est juste parfait. Je ne doute pas non plus que la version 5c doit être très agréable du coup.

3 - Qualité de la lutherie

Les frettes sont de taille moyenne, la planimétrie et la finition sont au top. Pas de risque de s'écorcher sur la tranche ici. Il y a un soin évident comme dans tout les détails sur cette basse. Si on ajoute la frette 0 renforcée permet d'avoir un son plus proche d'une note frettée a vide ( pour avoir testé sur d'autre basses, la différence est importante ) Le sillet téflon/graphite ne sert ici qu'a espacer les cordes mais semble définir néanmoins une hauteur.

La stabilité du manche est très importante, malgré le fait qu'il soit assez fin. Les 2 inserts carbone ( le fameux 90/10 ) permettent de se passer de truss-rod. La vision de Vigier sur le sujet est qu'il n'est pas rationnel de faire un trou sur la longueur de la touche. Cela enlève de la matière, et affecte du coup le sustain et d'autres paramètres, augmente les risques de dead spots. En terme de lutherie, je ne sais pas si le manche est fabriqué avec une compensation dès le départ ( en fonction du tirant des cordes par exemple ) ou si le manche est tellement rigide qu'il peut supposer un large choix de tirant de cordes. Je n'ai pas eu de retour négatif sur le sujet, donc j'imagine que c'est au point depuis fort longtemps, et ça dépasse le stade d'une simple review.

L'action globale des cordes est basse ( Hauteur à la 12ème case, corde aigu (mm) : 1,8. Hauteur à la 12ème case, corde grave(mm) :  2,3 ) mais malgré ce fait il est très compliqué de faire buzzer une frette, même en ayant un jeu viril. C'est là aussi que se fait la différente entre plusieurs basses haut de gamme.

C'est aussi très étonnant d'avoir l'impression que la basse a été faite par un robot quelque soit les étapes du process, alors que c'est bel et bien de la lutherie. Difficile de trouver le moindre défaut a ce niveau, pourtant j'ai eu le temps de faire le tour !

Le corps est en plusieurs parties ( érable ondé / aulne / érable ondé ), cela augmente la stabilité dans le temps, mais autant on arrive souvent a voir des traces de collage même sur des basses haut de gamme, là on peut chercher longtemps. Les bois étant séchés pendant au minimum 3 ans, moins de risques aussi d'avoir des variations au bout de quelques années. De plus le choix de l'érable ondé est juste superbe, mais que ce soit au niveau du corps ou du manche, difficile d'être plus exigeant.

Le verni est très brillant, mais plus fin que la plupart que je croise, je ne sais pas combien ils ont fait de couche, mais c'est a la fois résistant et très flatteur pour l'instrument.

Le chevalet monorail Schaller est très bon, je trouve qu'avoir une corde par fixation est un moyen de s'assurer que chaque corde reste indépendante d'un point de vue sonore.

Bref niveau lutherie, du moment où j'ai ouvert l’étui, jusqu’à celui où la basse est reparti dedans, j'ai été assez impressionné.

4 - électronique

L'électronique est en 18v, les potars sont de très bonne qualité, c'est comparable par rapport a ce que je vois par exemple chez Alembic.
C'est silencieux et les différents boosts et fréquences sont bien choisis. Rien de spécial a ajouter là dessus.
Les micros Vigier simple bobinage sont très efficaces, a priori fixés sur inserts.
L'ensemble est très efficace, et met en avant la lutherie.
 

5 - Son

Niveau sonore, le grain reste moderne, mais pour avoir testé tranquillement chez moi au casque puis sur plusieurs répètes et et sur différents amplis, avec une batterie électro, une batterie acoustique, gratte bien saturée, le gros avantage de la Vigier est qu'elle perce le mix facilement, sans avoir besoin de gonfler des fréquences, de rajouter un compresseur ou autre. Elle semble avoir une prédisposition en slap/tapping vu la config, mais pourtant elle est passe partout dans les autres styles. La balance est vraiment intéressante, les micros semblent proches, mais entre les deux extrêmes, la palette de son est varié. J'aime vraiment son grain sonore aux doigts.

Plus on l'attaque, plus elle répond, sans frizze. Par contre, comme beaucoup de basses avec un manche très rigide ( graphite par exemple ) elles pardonnent rarement l'erreur, et un mauvais frettage main gauche passe rarement inaperçu. Mais globalement a partir du moment où le jeu est propre, les avantages sont nombreux : sustain, pas de dead spot, un son bien nerveux, en résumé pas de mauvaise surprises. En jouant plus vers le manche, on peut atténuer l'aspect moderne, mais bon, ce n'est pas l'instrument idéal pour passer inaperçu en fin de compte. De la même façon qu'un manche graphite, le sustain des notes n'est pas absorbé par le manche, c'est quelque chose d'assez flagrant.
Comme le manche n'est pas fatiguant, et que la basse n'est pas bien lourde, on fatigue moins dessus, et du coup je trouve qu'on est plus régulier dessus.

Je pense qu'il y a une volonté avec l'évolution de ce modèle, de faire une basse plus standard par rapport aux version III par exemple. L'EQ sur le modèle précédent était plus complexe, et l'espacement entre les cordes me semble plus rationnel sur cette évolution, les micros ont évolués aussi. Tout ceci rendent l'instrument plus proche de ce que les gens ont l'habitude de jouer, mais pas au détriment de la lutherie ou de la qualité globale, bref a mon avis, une bonne chose.

Les micros sont placés a mon sens au meilleur endroit, ça dégage en plus de la place pour le slap, mais c'est surtout quand on teste longuement la balance que l'on peut le constater. Il y a quand même pas mal de possibilités a ce niveau.

La version 5c a un SI grave monstrueux, j'ai pu l'entendre en situation a plusieurs reprises.

Un petit test très basique que j'avais fais, balance au milieu, EQ a plat. Je dois en avoir d'autres, encore faut il que je les retrouves.
Version avec batterie
Version brute

6- Conclusion

Difficile de trouver des points négatifs sur un avion de chasse de ce genre. Beaucoup de détails ont été pensés pour améliorer le confort, l'ergonomie, mais plus globalement la plus grande évolution de cette version vient de l'approche plus simple de l'électronique qui permet a la basse d'être plus polyvalente et plus rapidement domptable. Pas de dead spot, un son qui perce le mix en toute circonstances, un manche très très rapide, une lutherie au top, même pour quelqu'un d'exigeant, ça va être compliqué de trouver des défauts. Il y a un soin sur les détails et une évolution assez remarquable.

On reste sur une approche moderne de l'instrument, mais avec une vielle précision ( et encore ) et une basse de ce calibre, on couvre la majorité des besoins.

Album photo complet

 

[Frantobass]

[lagoula]

celle utiliser dans la démo de Pascal Mulot, c'est précisement celle des photos non ? le veinage de l'erable flammé est identique à plein d'endroit du corps...