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Calmon Bcm5 Headless Singlecut


AlexB6

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En 2013, ma vie a radicalement changé car j’ai commencé à jouer régulièrement dans un cadre professionnel, avec une entrée dans l’intermittence du spectacle en Décembre de la même année. À l’époque je tournais avec mon ex-Mensinger, et même si c’était un bel instrument agréable à jouer, ma situation, mes besoins et mes envies allaient évoluer et m’amener progressivement à renouer avec la lutherie sur mesure, avec l’arrivée en Septembre d’une Maruszczyk Elwood 5 cordes et 24 cases davantage taillé pour mon job.

Comme tous les ans à la fin de l’été, a lieu sur Montpellier le Salon International de la Lutherie, qui s’inscrit au cœur des Internationales de la Guitare (IG), festival qui ne cesse de s’étendre et de rayonner, parfois au détriment d’autres… Depuis 2010 le Salon se déroule dans l’enceinte du Corum, qui permet d’accueillir de nombreux exposants.
Armé de ma Maruszczyk histoire de pouvoir comparer et discuter spécifications, je me dirige assez rapidement vers le stand de Benjamin Calmon, dont j’avais repéré le travail en regardant la liste des exposants sur le site web des IG. Une basse attire rapidement mon attention : elle est pourvue d’une table rapportée qui ressemble à du noyer ondé, mais qui n’en est pas en réalité. Rapidement nous entamons la discussion, et je fais part à Benjamin de mon souhait en lutherie du moment : la recherche d’une basse 5 cordes plutôt orienté haut de gamme.
Il se trouve que Benjamin expose juste à côté de Cosme, or je suis un de ses premiers clients donc je connais un minimum sa production et la qualité de son travail… Sans vouloir comparer je fais comprendre à Benjamin que le haut de gamme j’ai déjà eu et donc que je cherche à nouveau du lourd ! Ce dernier semble plutôt à l’écoute, je sens vraiment que je pourrais travailler de concert avec lui sur un projet unique, entièrement custom, ce qui n’est pas forcément possible avec d’autres luthiers.
Je repars du Salon en promettant de le recontacter…

En Mars 2014 je me rends chez lui à Roquesérière près de Toulouse, avec un plan à l’échelle 1 d’une basse 5 cordes singlecut headless. Le choix est fait d’utiliser les bois qui m’ont marqués sur les basses de Benjamin lors du Salon de la Lutherie, sur un design issu à 100% de mes désirs luthesques.
C’est d’ailleurs la première basse que je dessine quasiment en one shot au niveau de la forme, preuve que c’était déjà très limpide dans mon cerveau !
Cette basse me sera finalement livrée lors du Salon International de la Lutherie 2014, soit environ 1 an après avoir rencontré Benjamin.

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Caractéristiques

Headless / 5 cordes / singlecut
Date de production : Septembre 2014
Construction : manche traversant
Diapason : 34’’
Corps : table en if ondé, ailes en acajou
Manche : 1 pièce d’érable ondé ; 1 truss rod à barillet ; 2 renforts carbone

Profil : en C presque plat, épaisseur 19mm à la 1ère frette, 20mm à la 12ème.

Touche : érable ondé 26 cases + binding ébène
Repères : blanc 3mm (uniquement sur la tranche)
Radius : 10’’
Sillet : graphite, largeur 44mm
Frettes : type Dunlop 6130 (large et peu haute)
Rampe : if ondé, encercle les 2 micros
Chevalet : ETS doré en 2 parties, string spacing 18mm
Micros : 2 Bartolinis 57CBJD, modèle « Deep Tone »
Électronique : John East modulaire comprenant : volume, balance, tonalité avec push/pull actif/passif, basse, aigu, et stack médium semi-paramétrique ; embase jack sur la table.
Finitions : vernis brillant

Confort et ergonomie

Cette basse a un équilibre assez particulier. En effet elle a tendance à pencher côté corps, ce qui est déstabilisant en position assise. En revanche debout, ça permet de ramener les graves assez facilement vers soi ! L’acajou n’est pas innocent, la basse atteint malgré tout les 4,3kg.
L’emplacement de la découpe stomacale demande à être retouché car actuellement cela a tendance à repousser la basse vers l’extérieur. Cela signifie que les graves sont plus accessibles, mais les aigus eux beaucoup moins, or j’ai un jeu qui s’établit plutôt à partir de la 7ème case, et cette basse allant jusqu’à 26 cases, c’est dommage de ne pas pousser jusque là à cause d’un banal chanfrein…
L’emplacement des attaches courroies permet de corriger un peu ce souci, mais à l’usage ça peut agacer de devoir repousser sans cesse l’instrument pour changer d’octave. En l’état ça en fait une superbe basse d’accompagnement, mais le soliste refoulé que je suis n’est pas tout à fait satisfait pleinement !
Le layout paraît assez lourdingue mais au final je joue surtout en passif, donc limite l’EQ 3 bandes est là pour faire joli !

Qualité de la lutherie

Cette est à priori la meilleure basse sortie de l’atelier de Benjamin Calmon. Il a vraiment progressé grâce à ce projet, notamment sur les finitions. Et de fait j’ai vraiment le sentiment d’avoir acquis le haut de gamme de sa production. Pari réussi donc.
Les bois utilisés sont magnifiques. L’if ondé que j’ai pu sélectionner sur une planche de 2m est sublime. Pour l’anecdote, on ne sait pas vraiment si c’est de l’if ondé… Le fournisseur de Benjamin lui a vendu sous ce nom là mais difficile d’avoir des certitudes sur sa véritable nature… De toute façon je m’en fous, je voulais un truc ondé qui ne soit pas de l’érable, c’est fait !
J’avais un peu peur du manche en une pièce mais sa construction avec les renforts le rend tout à fait exploitable.
Côté réglages j’ai dû un peu tâtonner pour en tirer toute la quintessence, le radius de 10’’ n’aidant pas vraiment.

Esthétique

C’est la première basse singlecut que je dessine, et j’avoue être très satisfait du résultat final. Ma base de travail reste l’Imperial de Fodera. Mais plutôt que de faire un clone, j’ai voulu m’en détacher en estompant les courbes trop massives de ce modèle, un peu à la manière du luthier JCR.
Pour la partie headless, j’ai retravaillé le bout de manche un peu trop géométrique de ma Mermet, tout en conservant cette idée d’extension des bois du manche (je n’aime pas le headless pur et dur à la Steinberger).
L’avantage de ce design c’est qu’on pourrait tout à fait imaginer une version avec tête facilement.
Le choix du doré reste discutable, mais je ne cache pas mon envie d'avoir un instrument "bling-bling". En noir cela aurait été redoutable, mais difficile de ne pas craquer sur tous ces petits potards surmontés d'abalone...


Prise en main

« Best 5 string neck ever ! » pourrait s’écrier un américain, tellement c’est déconcertant de fluidité.
Le radius de 10’’, qui donne un bel arrondi sous les doigts, rend le manche encore plus fin qu’il ne l’est déjà. La rampe ayant été travaillée avec le même soin, les notes fusent sans contrainte, l’accès aux 26 cases est parfait (j’aurais pu en mettre 2 de plus c’était pareil).
Dans l’esprit, je voulais retrouver les mêmes sensations de jeu et le toucher que peut avoir Janek Gwizdala quand il joue son modèle signature chez Fodera… On est en plein dedans ! Cette sensation de liberté est indescriptible, et bien qu’il m’ait fallu un temps d’adaptation pour la maîtriser davantage, les mois suivants m’ont vraiment conforté dans l’idée que j’avais un super outil d’expression musicale entre les pattes.

Son

Acajou/érable, c’est gras ! Donc de base le son est assez plein et défini.

Ensuite le choix d’électronique était surtout motivé par le fait de compenser certains choix de conception.
La version « Deep Tone » des Bartolini c’est en rapport avec leur position presque Ken Smithienne, je ne voulais pas rendre l’ensemble trop coin-coin.
Quant à l’East modulaire, c’est un peu « qui peut le plus peut le moins ». Rien que le stack des mids permet d’obtenir une palette sonore variée, et le potard d’aigus offre un autre voicing que celui de la tonalité, celle-ci étant assez « dark », limite dub-style.

Je posterai des soundclips un peu plus tard…

Conclusion

Le but final était d’atteindre un certain standing, digne des grands noms de la lutherie (Fodera en tête). Cette basse, dans sa conception, dépasse largement mes attentes de ce côté-là.
Je ne cherche pas à opposer ces grands monstres de la lutherie avec le Made In France, mais dans cette logique de façonnage d’un instrument sur mesure qui répond à toutes mes exigences, travailler en local, avec ses propres idées, et en collaboration avec un luthier compréhensif et à l’écoute, ça pousse à réfléchir au-delà des mythes et du rayonnement des marques.
En travaillant avec Benjamin, on a souvent abordé la question du rapport qualité/prix. En commandant chez lui, je savais que je payais des pièces, des fournitures, du bois, de la main d’œuvre/salaire… dans des proportions qui me semblaient raisonnables. Je sais que Benjamin a mis tout son cœur à l’ouvrage, et de le voir heureux (et de l’être également) dès les premières notes sorties à l’ampli, il n’y avait pas besoin d’avoir un papillon au bout du manche pour obtenir ce résultat. C’est ça la magie du sur mesure, ça casse tous les codes, et même si une marque comme Fodera me fait toujours autant baver, je sais au fond que jamais elle ne m’offrira autant de bonheur, divergence de conception oblige.

Edited by AlexB6
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@bajito : C'est surtout que je n'ai pas pris le temps d'en parler, procrastination tout ça...

@LowIO : L'humain reste très important dans mes collaborations, quand il n'y a pas ça tout fout l'camp ! Benjamin Calmon m'a d'ailleurs réconcilié avec cela, avec d'autres collaborations, c'était pas forcément évident...

Edited by AlexB6
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J'avais lu l'histoire au sujet de cette contrebasse, gros projet, le projet d'une vie !

J'ai des idées bien plus softs en comparaison, mais par contre sur les délais je reste assez intransigeant. J'aime quand c'est clair et défini.
L'exigence dont je fais preuve pour établir mes besoins et mon cahier des charges, je l'attends en retour auprès du luthier, réputé ou pas. D'ailleurs Benjamin ça l'a plutôt motivé, ça lui changeait des clients indécis ! Et puis si au final l'alchimie ne fonctionne pas, au moins je peux dire que j'y suis pour quelques chose, vu l'implication forte au niveau de la conception. :goute:

Je garde mes idées tordues pour plus tard, genre une basse pour faire du flamenco, avec capteur de frappe sur table amovible...

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As- tu reviewé toutes tes basses jusqu´ici ? Si tu as une liste, je serais très curieux de relire tes avancées.

De nouveau, j'adhère pleinement au cheminement, j'ai eu la même approche avec Christophe LEDUC pour ma contrebasse électrique, j'ai juste été un poil plus patient, oh vraiment un poil, juste 6 ans. ;-)

As-tu fait une review?: J´ai bien peur de l´avoir raté.

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J'avais fait une revue de ma Cosme Moji sur OB, mais celle sur Audiofanzine contient des éléments rédigés avec davantage de recul :

http://fr.audiofanzine.com/basse-electrique-frettees-pour-g/cosme-basses/MOJI-HSC-6-Gaucher-Custom/avis/r.58855.html

Sinon il y a celle de mon ex-Mensinger : http://onlybass.com/index.php?/topic/68207-mensinger-cazpike-6p-natural-custom/

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  • 1 year later...

Quelques news de cette basse qui le vaut bien...

Comme je le signalais sur le 1er post de ce topic, la basse méritait quelques modifications... Et pas des moindres !
Plus le temps passait et plus je me désintéressais de cet instrument qui malgré sa fabrication plutôt high end, souffrait de quelques défauts qui finirent par handicaper fortement mes prestations. Par ailleurs l'arrivée de mes deux basses CG Hybrid m'a confirmé qu'il était impératif de repasser par la case luthier pour la "mettre aux normes".

C'est ainsi que la basse fut dans un premier temps décapée intégralement ! Ça, c'était pour virer le vernis brillant qui finissait par accrocher à l'arrivée des beaux jours, juste fatiguant quand je travaille en orchestre où il m'arrive de jouer par de fortes chaleurs.
Ensuite il a fallu reprendre ce fameux chanfrein stomacal qui me sciait les côtes, il a donc été façonné dans l'esprit de mes CG Hybrid, avec une arête postérieure adoucie.
Suite à cela, le système de fixation des cordes et l'accordage a été repensé de façon à faciliter toutes ces opérations. En effet, j'ai eu la mauvaise surprise de passer près de 3h à ma première tentative de changement de cordes sur cette basse (elle était montée en Elixir, cordes qu'il m'arrive de changer après 1 an...). Malgré le soin apporté à la finition de la tête et au masquage des cordes, l'ensemble apparaissait fragile et vraiment pas pratique... le foirage d'un pas de vis de la pièce de tête d'origine a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase...
La solution envisagée a été salutaire : l'accastillage ETS, qui au passage perdait sa dorure comme des écailles, a été remplacé par des tuners Mera, nécessitant une incrustation particulière dans le corps (ils sont assez haut en règle générale, bien plus que des ABM par exemple).
L'avantage de ces tuners c'est que l'on fixe directement la corde dans le tuner, les boules sont à l'inverse bloquées au niveau de la tête. Après renforcement de cette dernière et ajout d'une pièce laiton sur mesure, la basse a retrouvé son esthétique et le gain de facilité aux niveau des réglages est sans équivoque.
Un petit "retaillage" de la rampe s'imposait, fini les contours micros, cela me permet de gagner 1cm pour slapper convenablement, et facilite aussi le réglage de la rampe. Exit aussi le sillet noir, place à un sillet en laiton avec espacement réduit des cordes (8mm au lieu des 9mm habituel).
Enfin la basse a reçu un tout nouveau vernis satiné, et quelques stickers en forme de block inlays couleur abalone pour matcher avec l'abalone des potards.

Voici donc une nouvelle série de photos pour illustrer tout ça :

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Au sortir de tout cela, la basse s'est retrouvé allégée de près de 300g, ma balance affiche désormais 4kg environ pour la belle. L'équilibre est légèrement modifié, elle penche beaucoup moins que ce que j'ai signalé sur le 1er post. Côté son, je note une résonance différente, je ne saurais l'expliquer... On m'a précisé que le vernis d'origine était assez épais par endroit, et que par conséquent, il aurait pu à la base influer sur le son... Ceci dit je ne me perdrais pas plus que ça en conjonctures (influence du vernis sur le son, pourcentages etc.).
Je peux donc enfin l'apprécier à sa juste valeur ! Sans cette restauration/customisation elle aurait continué à prendre la poussière, et était de toute façon invendable vu le bazar sur la tête (obligé de clamper les cordes avec des pièces de bornier électrique)...
La morale de tout cela c'est qu'il est parfois nécessaire d'entreprendre ce genre de réhabilitation, surtout quand on est attaché à un instrument en particulier. La base étant très bonne, il aurait été dommage pour moi de ne pas franchir le cap.
Le décapage n'a pas été sans accrocs : la basse en garde quelques traces minimes. Mais le plaisir retrouvé en la jouant et le gain de confort non négligeable me font vite oublier cela. :angel:

Edited by AlexB6
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C'est un luthier français qui s'en est chargé, mais pour tout un tas de raisons j'ai préféré confier le travail à une autre personne que le luthier d'origine.
L'important à mes yeux est que le résultat attendu soit là, et que le travail des luthiers concernés se complète suffisamment bien pour me permettre de m'éclater sur cette basse.
J'avais presque oublié ce que c'était d'avoir un instrument qui sonne tout à plat, en passif, sans besoin de corriger à l'ampli... Tout y est, la présence, la précision... Et maintenant le confort, très proche de mes standards définis depuis quelques années déjà.

Manque plus que du son me direz vous ! Je vais m'y coller... Un jour. :goute:

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Héhé merci bien ! :)

En effet la nouvelle finition rend le tout moins bling bling comme voulu au départ du projet, en revanche ça révèle davantage les ondes de la table, notamment celles qui sont dans le sens du manche, ce qui n'est pas pour me déplaire !
Désormais sur du custom je ne choisirai que du vernis satiné, je trouve que c'est ce qui respecte le mieux l'ensemble, surtout quand on opte pour des bois figurés qui méritent d'être montrés. Exception faite de ma CG The Leaf dont le corps a un vernis brillant, toutes mes autres basses ont un finish moins "pète à la figure".

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